Page:Daviault - La Grande aventure de Le Moyne d'Iberville, 1934.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
À LA BAIE D’HUDSON

la vie tant qu’elle dure. L’élégant chevalier de Baugy, cette mauvaise langue, n’a-t-il pas écrit dans sa lettre confidentielle du 22 novembre 1682, à propos des femmes de la colonie. « Pour ce qui est des femmes, elles sont pour la plupart d’assez bonne humeur ; il ne les faut pas trop prescher, ce qui m’a été dit, pour obtenir d’elles quelques faveurs » ? (2) Depuis quelques mois, Geneviève était dans un état qu’on appelle intéressant. Elle le rappela à Pierre, rougissante, en larmes, mais point désespérée. La futée pensait peut-être à motiver le mot de Bacqueville de La Potherie : « Quand les Canadiennes entreprennent un amant, il lui est difficile de n’en pas venir à l’hyménée ». D’Iberville a pensé à cette solution. Mais il y avait des difficultés. Il vit en un temps où le mariage est affaire de familles bien plus que d’individus. En tout cas, il vaudrait mieux régler la question avant le grand départ. Que faire ?

Pierre tomba dans une grande irrésolution. M. le bailli, pour éviter le scandale, avertit discrètement Mme de Longueuil que M. de la Mollerie porterait plainte contre le sieur d’Iberville au nom de sa jeune belle-sœur. À vrai dire, il s’est déjà présenté chez l’autorité judiciaire, mais on retardera les procédures, on gagnera du temps…

Prenant la place du père, défunt depuis quelques mois, Mme Le Moyne fit une belle scène à