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Ce n’est donc qu’après un intervalle de plusieurs années après cette courte entrevue, qui ne paraît pas s’être renouvelée, que le récit reprend. Les deux jeunes gens avaient environ dix-sept ans.

On s’est étonné que, vivant dans la même ville et dans un voisinage très rapproché, le jeune homme n’eût pas trouvé d’occasion de se rapprocher d’elle « bien qu’il cherchât toujours à la voir ». Il peut cependant paraître assez naturel que la toute jeune fille d’un personnage riche et important ne fréquentât pas beaucoup les rues, ou du moins sans être très accompagnée, et qu’un jeune garçon de condition modeste, et sans relation directe avec sa famille, ne se sentît pas autorisé par une simple rencontre à l’aborder. Il nous rend du reste lui-même très bien compte de l’intimidation que son approche exerçait sur lui[1].

Une critique plus sérieuse a trait au mariage de Béatrice avec le cavaliere Simone dei Bardi[2] et à l’impossibilité de faire tenir la mort de son père et son mariage et sa propre mort dans le

  1. Voir pages 45 et 58.
  2. Le cavaliere Simone dei Bardi était un riche commerçant comme l’étaient à cette époque les personnages les plus importans de Florence.