Qui brave ma fortune et remplit ma naissance.
Si d’un roi malheureux et la fuite et la mort
L’assurent dans son trône à titre du plus fort,
Ce n’est point à sa veuve à traiter de monarque
Un prince qui ne l’est qu’à cette triste marque.
Qu’il ne se flatte point d’un espoir décevant :
Il est toujours pour moi comte de Bénévent,
Toujours l’usurpateur du sceptre de nos pères,
Et toujours, en un mot, l’auteur de mes misères.
C’est ne connoître pas la source de vos maux,
Que de les imputer à ses nobles travaux.
Laissez à sa vertu le prix qu’elle mérite,
Et n’en accusez plus que votre Pertharite :
Son ambition seule…
Que vous parlez à moi, qu’il était mon époux ?
Non ; mais vous oubliez que bien que la naissance
Donnât à son aîné la suprême puissance,
Il osa toutefois partager avec lui
Un sceptre dont son bras devoit être l’appui ;
Qu’on vit alors deux rois en votre Lombardie,
Pertharite à Milan, Gundebert à Pavie,
Dont[1] ce dernier, piqué par un tel attentat,
Voulut entre ses mains réunir son État,
Et ne put voir longtemps en celles de son frère…
Dites qu’il fut rebelle aux ordres de son père.
Le Roi, qui connoissoit ce qu’ils valoient tous deux,