Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
division de l’art militaire.

prend bien, en effet, que, s’il faut tout d’abord recruter et instruire les troupes avant de les employer, il est absolument nécessaire de pourvoir à leurs besoins pendant leur emploi. À vrai dire, cependant, toutes les activités qui visent ce résultat ne peuvent être considérées comme préparatoires de la lutte que parce qu’elles se rapprochent beaucoup de l’action, et que, traversant tout l’acte de guerre, elles alternent constamment avec l’emploi des forces. Or comme, pour édifier une théorie vraiment pratique, la première condition est de séparer les choses hétérogènes, on est donc en droit, ainsi qu’on le fait d’ailleurs pour toutes les autres activités préparatoires, de séparer ces activités de la conduite proprement dite de la guerre, c’est-à-dire de l’art militaire pris dans son sens exclusif. Qui penserait en effet à rattacher toute la série des services des vivres, de l’entretien et de l’administration à la conduite même de la guerre, alors que ces services, bien qu’en relations constantes avec l’emploi des forces, sont cependant essentiellement différents de cet emploi ?

Nous avons dit de la lutte, au chapitre II du livre précédent, que, bien que de toutes les activités elle soit la seule qui produise directement ses effets à la guerre, les traits de toutes les autres se retrouvent néanmoins en elle parce qu’elles y viennent toutes aboutir. En nous exprimant de la sorte, nous avons voulu dire que la lutte, — le combat, — est le but général que toutes les activités cherchent à atteindre en suivant chacune les lois qui lui sont propres. Nous allons donner ici quelques développements à ce propos.

Les objets que poursuivent les activités autres que celle du combat sont de natures très différentes.

Ces activités sont de deux sortes. Les premières appartiennent encore à la lutte et s’identifient avec elle par certains côtés, tandis que, par certains autres, elles