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la défensive.

2. Positions fortes. — Ainsi que nous nous attacherons plus spécialement à le démontrer dans le chapitre XXVII, la défense d’une étendue de territoire subsiste aussi longtemps que les troupes qui sont chargées de le défendre s’y maintiennent, et ne cesse que lorsque ces troupes se retirent et abandonnent le pays.

Si donc des troupes doivent se maintenir sur un territoire attaqué par un ennemi supérieur, il convient, au moyen d’une position inexpugnable, de leur offrir protection contre la supériorité de l’attaquant.

Or nous avons déjà dit que les positions de cette espèce doivent faire front dans toutes les directions. D’un autre côté, leur objet est de permettre d’effectuer la défense du pays avec un nombre de troupes relativement faible. Si donc on ne donnait à leur pourtour que l’étendue strictement nécessaire au développement tactique de leur garnison, ces positions n’occuperaient qu’un espace extrêmement restreint, et cette exiguïté d’emplacement serait soumise à de si grands désavantages pendant la lutte, que, malgré l’appui des plus forts retranchements, toute résistance sérieuse serait impossible. Il est donc nécessaire qu’une position qui doit ainsi faire face dans toutes les directions ait un développement proportionnellement important sur chacun de ses côtés, bien que, néanmoins, ces côtés restent inattaquables. L’art de l’ingénieur est incapable de réaliser seul ces conditions, et, par suite, il est absolument indispensable qu’une position de cette espèce présente de si puissants obstacles naturels, que quelques-unes de ses parties soient tout à fait inaccessibles et le reste d’un abord difficile. On ne peut donc employer ce moyen défensif que là où se présente une position qui possède tous ces avantages, et l’on ne saurait arriver au même but par l’emploi exclusif d’ouvrages retranchés. Ces