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la défensive.

de ses projets ? Ici c’est le point stratégique qui a été donné pour emplacement à la position qui décidera, ou, en d’autres termes, la solution dépendra de la situation réciproque des lignes de communications des deux adversaires ; si la position a été judicieusement choisie, elle assurera sous ce rapport l’avantage à la défense, et, conservant sa propre puissance d’action, elle neutralisera celle de l’attaque.

Il peut arriver, cependant, que, sans s’inquiéter des troupes qui l’attendent sur une position, l’ennemi passe outre et effectue son invasion par une autre direction. Si l’attaque est en mesure de se produire impunément de cette façon, la position perd aussitôt toute son action, et la défense est forcée de l’abandonner.

On ne rencontre pour ainsi dire pas de position sur les côtés de laquelle on ne puisse passer dans le sens propre de l’expression, car des cas semblables à celui qu’a présenté l’isthme de Pérékop sont tellement rares que l’on ne saurait en tenir compte. Ce ne sont donc que les désavantages que cette manière de procéder peut causer à l’attaquant qui font dire d’une bonne position qu’il est impossible à l’ennemi de n’en pas tenir compte et de passer outre. Dans le vingt-septième chapitre de ce livre, lorsque nous traiterons de la défense d’un théâtre de guerre, nous trouverons la meilleure occasion de dire en quoi consistent ces désavantages. Ils peuvent, selon le cas, être plus ou moins grands, mais ils constituent toujours, pour le défenseur, un dédommagement équivalant à ce que lui fait perdre la non-réalisation de l’action tactique que la position défensive devait exercer.

De ce que nous avons dit jusqu’ici, il ressort que toute position véritablement défensive doit tout d’abord posséder deux propriétés stratégiques :

1o  On ne doit pas pouvoir passer à côté.