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HOMÉLIE IV.


QUAND LES JOURS DE LA PENTECÔTE FURENT ACCOMPLIS, LES DISCIPLES ÉTAIENT TOUS ENSEMBLE EN UN MÊME LIEU, ET SOUDAIN UN BRUIT S’ENTENDIT VENANT DU CIEL. (ACT. 2,1, 2)

ANALYSE.

  • 1. L’orateur explique d’abord les rapports qui existent entre la Pentecôte des Juifs et celle des chrétiens, et puis les raisons symboliques des langues de feu, sous lesquelles se montra l’Esprit-Saint.
  • 2. Il dépeint ensuite l’étonnement où le don des langues jeta tous ceux qui en furent témoins, et puis il oppose l’excellence et la supériorité du feu, comme emblème de l’action de l’Esprit-Saint, aux divers signes de l’inspiration qu’avaient reçus les prophètes de l’Ancien Testament, et il y trouve une preuve de la sainteté des apôtres. – Ceux-ci parlent toutes les langues, parce qu’ils doivent convertir tous les peuples, et tandis que les uns sont dans l’admiration d’un tel prodige, les autres l’attribuent à l’ivresse, ainsi que les ennemis de Jésus-Christ attribuaient ses miracles au prince des démons.
  • 3. Mais Pierre élève la voix au nom des onze qui l’entourent : Quel homme ! et quel langage ! à un tel changement on reconnaît l’action divine de l’Esprit-Saint. – Ici l’orateur trace un éloquent parallèle entre les plus diserts philosophes, et ce pécheur du lac de Génézareth, qui, tout rempli d’une science céleste, confond les plus beaux génies, et réfute les plus subtils sophistes.
  • 4. Il compare ensuite la doctrine et la morale de ce Platon, qu’on a surnommé divin, à la doctrine et à la morale de l’apôtre, et laisse à ses auditeurs de décider lequel des deux fait plus d’honneur à l’humanité. – Enfin il termine en exaltant de nouveau la vertu humble et réelle des apôtres en opposition avec l’orgueil et la vanité des philosophes païens.


1. A quelle époque de l’année se célébrait la fête de la Pentecôte ? Au moment de mettre la faux dans la moisson, et de recueillir le froment ; telle est la figure, et voici la vérité. Lorsque la faux de la parole évangélique doit être mise dans la moisson des âmes, le Saint-Esprit paraît, semblable à une faux aiguë. Aussi le Sauveur avait-il dit : « Levez vos yeux et regardez les campagnes, car elles blanchissent déjà pour la moisson » ; et encore : « La moisson est grande et les ouvriers peu nombreux ». (Jn. 4,35 ; Lc. 10,2) Il s’empresse d’envoyer la faux, parce que le moment de la moisson était arrivé. Et, en effet, il en avait déjà comme recueilli les prémices en introduisant notre nature dans les cieux. « Quand les jours de la Pentecôte furent accomplis », c’est-à-dire, non avant la solennité, mais le jour même de la fête, et il y avait opportunité que la descente de l’Esprit-Saint s’opérât un jour de fête, afin que les témoins de la mort de Jésus-Christ vissent également ce prodige. « Et soudain un bruit s’entendit, venant du ciel ». Pourquoi la venue de l’Esprit-Saint, est-elle annoncée par ces signes sensibles ? Parce que, malgré ce concours de circonstances, si les Juifs dirent « ils sont, pris de vin », que n’eussent-ils pas dit dans toute autre hypothèse ? Mais ce ne fut pas un bruit ordinaire, « il vint du ciel » ; et comme il se fit entendre soudain, il excita l’attention des disciples. « Et il remplit toute la maison ». C’est un symbole de la puissance de l’Esprit-Saint. Soyez attentifs : saint Luc nous dit que tous les disciples étaient réunis ; en sorte que tous crurent sur le témoignage de leurs sens, et que tous devinrent ainsi des témoins dignes de foi.
Mais voici un nouveau prodige plus étonnant encore. « Et ils virent comme des langues de feu qui se partagèrent ». Ce n’est pas sans raison que l’écrivain sacré dit : « Comme des langues ». Il veut prévenir l’erreur de ceux qui croient que l’Esprit-Saint est un élément sensible ; aussi dit-il : « comme un feu », et : « comme un vent ». Ce n’était donc pas un simple courant d’air. Lorsque ce même Esprit dut se manifester à Jean-Baptiste, il apparut