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HOMÉLIE III.


ALORS LES APÔTRES RETOURNÈRENT A JÉRUSALEM, DE LA MONTAGNE APPELÉE DES OLIVIERS, ÉLOIGNÉE DE JÉRUSALEM DE TOUT LE CHEMIN QU’ON PEUT FAIRE UN JOUR DE SABBAT. (ACT. 1,12)

ANALYSE.

  • 1. L’Orateur, après avoir montré les apôtres et les disciples retirés dans le Cénacle, explique la conduite de Pierre dans l’élection du successeur de Judas, et fait ressortir la primauté de cet apôtre, en même temps que sa douceur et sa condescendance.
  • 2. Il revient ensuite sur quelques circonstances précédentes, et fait admirer le zèle des disciples à persévérer dans la prière, et à ne faire tous qu’un cœur et qu’une âme : aussi le Cénacle était-il la vivante image du ciel. – Après cette digression, saint Chrysostome continue le récit de l’élection de saint Matthias, et trouve de belles paroles pour louer la prudence avec laquelle saint Pierre conduisit toute cette affaire.
  • 3. Il insiste sur le mot Haceldama, qui fut le nom du champ acheté des trente deniers que rapporta Judas, et il trouve dans la signification de ce mot, champ du sang, une prédiction des malheurs qui accablèrent les Juifs.
  • 4. L’Orateur prend occasion de l’abnégation humble et modeste que fit paraître le juste Joseph, lorsque le sort lent décidé contre lui, pour flétrir sévèrement ceux qui briguaient l’épiscopat, et il trace à grands traits les devoirs et les charges d’un véritable évêque.
  • 5. Il termine en disant que sa joie et sa consolation est de voir son cher troupeau marcher dans les voies de la justice et de la sainteté.


1. « Alors », dit saint Luc, « les apôtres revinrent ». Alors : à quel moment ? Après qu’ils eurent entendu les paroles des anges ; car, comment eussent-ils pu soutenir cette séparation, si Jésus-Christ ne leur eût promis de revenir ? J’incline aussi à croire que l’ascension arriva un jour de sabbat ; autrement saint Luc n’eût pas spécifié aussi exactement due : « La montagne des Oliviers est éloignée de Jérusalem de tout le chemin qu’on peut faire un jour de sabbat ». On sait, en effet, que la longueur de ce chemin était fixée par la loi. « Et, étant entrés, ils montèrent dans une chambre haute où demeuraient Pierre, Jacques et Jean ». Les apôtres étaient donc restés à Jérusalem après la résurrection ; et aux trois qu’il vient de nommer, saint Luc joint « André, frère de Pierre, Philippe et Thomas, Barthélemi et Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, Simon le zélé, et Jude, frère de Jacques ». Or, ce n’est point sans raison qu’il dresse ainsi la liste des apôtres. Car puisque l’un avait trahi son divin Maître, qu’un autre l’avait renié, et qu’un troisième n’avait pas cru à sa résurrection, saint Luc nous assure, en les nommant tous, qu’à l’exception du traître, tous étaient rentrés en grâce.
« Ils persévéraient unanimement dans l’o« raison et la prière, avec les femmes ». Belle conduite ! Car la prière est une arme puissante contre la tentation, et le divin Maître leur en avait souvent parlé. D’ailleurs, leur situation présente les y portait assez ; et ils craignaient tant les Juifs qu’ils s’étaient renfermés dans une chambre haute. « Avec les femmes ». Ce sont celles qui, au témoignage du même évangéliste, suivaient le Sauveur « avec Marie, mère de Jésus, et ses frères ». Comment donc est-il dit que le disciple bien-aimé l’avait reçue chez lui ? » (Jn. 19,26) C’est qu’elle était revenue parmi les apôtres depuis que Jésus-Christ les avait réunis. « Et avec ses frères » : c’est-à-dire, avec ceux de ses proches qui d’abord ne croyaient pas en lui.
« En ces jours-là, Pierre se levant au milieu des frères ». Pierre est l’apôtre vif et impétueux auquel Jésus-Christ a confié la garde de