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feu qui le reçut comme le prophète Élie (2R. 2,11), mais une nuée qui symbolisait le ciel lui-même, selon cette parole du Psalmiste : « Le Seigneur s’élève sur les nuées ». (Ps. 103,3) Quoique cette parole s’applique principalement à Dieu le Père, on peut néanmoins l’entendre de Jésus-Christ, comme se rapportant à la puissance divine, car autrement la nuée n’aurait aucune signification symbolique. Le prophète Isaïe dit également : « Le Seigneur est assis sur une nuée a légère ». (Is. 19,1)
3. Ce prodige s’opéra donc au moment où les apôtres faisaient à Jésus-Christ une question qu’ils considéraient comme très-importante, et où tout préoccupés de ce qu’il allait leur répondre, ils étaient attentifs et vigilants. Une nuée protectrice couvrit le mont Sinaï, lorsque Moïse pénétra dans le tourbillon ; mais dans l’ascension, ce n’était point pour protéger Jésus-Christ. Observons aussi que le divin Sauveur ne dit pas absolument à ses apôtres « Je m’en vais », cette parole les eût contristés ; mais il leur dit : « Je vous enverrai l’Esprit consolateur ». (Jn. 16,5, 7) Quant à son élévation au plus haut des cieux, ils la virent de leurs propres yeux. Dieu ! quel magnifique spectacle ! « Et comme ils le contemplaient montant vers le ciel, voilà que deux hommes se présentèrent devant eux avec des vêtements blancs, et leur dirent : Hommes de Galilée, pourquoi demeurez-vous là regardant les cieux ? Ce Jésus, qui du milieu, de vous a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’y avez vu monter ».
Ce sont des anges qui leur apparurent sous une forme humaine, et avec un visage riant. Observons aussi la manière dont ils s’expriment : en parlant de Jésus-Christ, ils disent : « ce Jésus », comme le montrant du doigt, et en s’adressant aux apôtres, ils les nomment « hommes de Galilée », afin de donner à leur parole plus de poids et d’autorité. Autrement, pourquoi les désigner par le nom de leur patrie ? Ajoutons encore que l’éclat de leur beauté attirait sur eux les regards des apôtres, et prouvait surabondamment qu’ils venaient du ciel. Mais pourquoi Jésus-Christ leur envoie-t-il ses anges, au lieu de leur parler lui-même ? C’est que déjà il les avait instruits de toutes choses, et qu’il suffisait de les leur rappeler par le ministère des esprits célestes.
Ceux-ci ne disent point : ce Jésus qui a été élevé, mais « qui est monté au ciel », pour montrer au contraire dans ce mystère l’action de sa divinité. Quand ils veulent désigner son humanité ; ils disent : « Ce Jésus qui, du milieu de vous, a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière ». Car ici la divinité élève l’humanité. « Il viendra », disent-ils, et il ne sera pas envoyé. En quoi donc le Fils est-il moindre que le Père ? « Une nuée le reçut » ; expression parfaitement juste, puisqu’il s’éleva lui-même sur la nuée, selon cette parole de l’apôtre : « Celui qui est descendu, est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux ». (Eph. 4,10)
Observez donc comment les anges varient leur langage, selon qu’ils se proportionnent à l’intelligence des apôtres, ou qu’ils envisagent l’excellence du Fils de Dieu. D’ailleurs, cet admirable spectacle inspira aux apôtres des idées toutes sublimes, et leur donna une importante notion du second avènement de Jésus-Christ. « Il viendra de la même manière », dirent les anges. Cette parole signifie que Jésus-Christ paraîtra en son humanité sainte, ce que les apôtres désiraient tant savoir, et que ce sera aussi sur les nuées qu’il paraîtra pour le jugement général. « Et voilà », dit saint Luc, « que deux hommes se présentèrent devant eux ». Pourquoi, dit-il, « deux hommes ? » Parce que ces deux anges avaient revêtu une forme humaine, afin de ne point effrayer les apôtres. « Et ils leur dirent : Pourquoi demeurez-vous là, regardant les cieux ? » Cette parole est pleine de bienveillance, et toutefois elle n’annonce pas comme prochain le second avènement du Sauveur. Les anges en affirment seulement la circonstance la plus importante, la certitude que Jésus-Christ reviendra, et la confiance avec laquelle nous devons attendre son retour. Mais quand aura lieu ce retour ? C’est un détail moins important, et ils le taisent.
Cependant les apôtres, arrachés au magnifique spectacle qu’ils contemplaient, écoutent attentivement le message qui les assure que ce Jésus, qu’ils ne voient plus, est réellement monté au ciel, et qui les prémunit eux-mêmes contre une vaine curiosité. Car, si auparavant ils demandaient à Jésus-Christ : « Où allez-vous ? » aujourd’hui, bien que dans toute autre circonstance ils eussent dit : « Sera-ce en ce temps-ci que vous rétablirez le