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à connaître une chose au-dessus de votre portée. Vous m’objecterez qu’ils avaient déjà connu des mystères bien plus relevés. Et si vous en doutez, direz-vous, voici quelques indications sommaires qui vous le prouveront. Oui, je vous le demande, quels mystères plus sublimes que ceux qui leur avaient été révélés. Car ils savaient que Jésus-Christ était Fils de Dieu et méritait les honneurs divins ; ils savaient qu’il ressusciterait, qu’il monterait au ciel, et qu’il s’assoirait à la droite de Dieu le Père. Ils savaient, prodige vraiment incroyable, que dans la personne de Jésus-Christ, notre chair, élevée au plus haut des cieux, serait adorée des anges, et que cet Homme-Dieu reviendrait sur la terre pour juger tous les hommes. Enfin, ils savaient que dans ce grand jour, assis eux-mêmes sur des trônes, ils jugeraient les douze tribus d’Israël, et que les gentils prendraient la place des Juifs rejetés.
La connaissance d’un avenir si admirable tient vraiment du miracle, et il semble qu’il est moins étonnant de savoir l’époque précise où un royaume sera rétabli. De plus, l’apôtre a connu des secrets qu’il n’est pas permis à l’homme de révéler, les choses qui ont précédé la création du monde. Est-il donc plus difficile d’en connaître la fin que le commencement ? Il le paraît, vous répondrai-je, puisque Moïse, qui nous a donné la chronologie du monde, n’en marque point la fin. Salomon possédait aussi ces mêmes connaissances, car il dit : « Je raconterai ce qui a été dès le commencement du monde ». (Sir. 51,11) Quant aux apôtres, ils connurent plus tard que l’avènement du Seigneur était proche, comme le prouve cette parole de saint Paul : « Le Seigneur est proche, soyez sans inquiétude ». (Phil. 4,5, 6) Mais alors ils ne le connaissaient pas, quoiqu’ils en eussent vu les signes avant-coureurs.
Observons aussi qu’au sujet de l’Esprit-Saint, Jésus-Christ s’était contenté de dire à ses apôtres, sans rien préciser, qu’ils le recevraient « sous peu de jours ». Et c’est pour les tenir dans l’attente qu’il adopte cette ligne de conduite. Car ce n’était plus, il est vrai, le dernier jour du monde qu’ils voulaient connaître, mais celui de sa royauté temporelle, comme le prouve leur demande : « Sera-ce en ce temps-ci que vous rétablirez le royaume d’Israël ? » Il ne leur fit donc aucune réponse positive. Quand ils l’avaient interrogé sur la fin du monde, il leur avait répondu sévèrement, pour éloigner d’eux la pensée que leur délivrance était proche. Et il les avait lancés dans les périls de la prédication évangélique. Ici, nous retrouvons la même conduite, mais avec un langage plus doux. Et en effet, il semble craindre que sa réponse ne leur paraisse une injure, ou un vain subterfuge ; aussi, entendez la promesse qu’il leur fait d’un Consolateur qui les remplira de joie. « Vous recevrez », leur dit-il, « la vertu du Saint-Esprit venant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». (Act. 1,8) Et aussitôt, pour prévenir une seconde interrogation, il, s’éleva vers les cieux.
Lorsqu’ils l’avaient interrogé sur le dernier jour du monde, il leur avait fait cette réponse toute pleine de terreur et d’obscurité : Je né le sais pas ; et ici il disparaît soudain à leurs regards. Car ils avaient un tel désir de connaître ce secret, qu’ils seraient revenus à la charge ; néanmoins, il était absolument nécessaire qu’il leur fût caché. Et en effet, je vous le demande, les gentils ont-ils plus de peine à croire le dogme de la fin du monde que celui d’un Dieu fait homme, né d’une vierge, et, conversant parmi les hommes. Certes, c’est bien ce dernier mystère. Vous ne sauriez en douter, et je rougis de tant insister sur une chose aussi simple. Les apôtres eussent pu dire à Jésus-Christ : Pourquoi nous tenez-vous en suspens ? et c’est pour prévenir cette parole qu’il leur parle « Des temps que le Père a disposés dans sa puissance ». Au reste, la puissance du Père et celle du Fils sont donc égales : « Car comme le Père ressuscite les morts et les vi« ville, ainsi le Fils vivifie ceux qu’il veut ». (Jn. 5,21) Mais s’il y a égalité de puissance dans les actions, comment n’existerait-elle pas dans la science des événements, puisque la résurrection d’un mort est bien supérieure à la connaissance du jour où le royaume d’Israël sera rétabli ? Pourquoi donc le Fils de Dieu, qui opère ce premier et si étonnant prodige, ne ferait-il pas à plus forte raison le second ?
2. La parabole suivante vous aidera à me comprendre. Lorsqu’un enfant pleure et nous demande un objet qui ne lui est pas utile, nous cachons cet objet, et montrant nos mains vides, nous lui disons : Je ne l’ai pas. Jésus-Christ en agit ainsi envers ses apôtres. Mais