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rient de lui. Les personnes censées ne louent pas celui qui se venge, mais celui qui garde le silence. Si, parmi ceux qui sont présents, il ne se trouve personne de raisonnable, c’est alors surtout que vous devez braver l’injure et vous en prévaloir devant l’assemblée céleste. Là, tous vous loueront, tous vous applaudiront et vous approuveront ; or, un seul ange vaut tout l’univers. Et pourquoi parler des anges ? Le Seigneur lui-même vous louera.
Occupons-nous de ces pensées, et persuadons-nous que garder le silence, lorsqu’on nous dit une injure, ce n’est pas se faire tort, mais que c’est s’en faire véritablement un grand que de se venger. Si c’était se faire du tort que d’écouter dans le silence des mots satiriques et piquants, Jésus-Christ n’aurait pas dit : « Si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l’autre ». (Mt. 5,39) Si donc ce que cet homme dit de nous est faux, ayons-en pitié, parce qu’il s’attire le supplice de ceux qui injurient (Id. 22), et se rend indigne de lire les saintes Écritures. « Car Dieu a dit au pécheur : Pourquoi prononcez-vous les paroles de mon alliance ? » (Ps. 49,17) « Et étant assis, vous parliez contre votre frère ». (Id. 21) Et si ce qu’il a dit est vrai, il est encore digne de compassion. Le pharisien disait la vérité, en parlant mal du publicain (Lc. 18,10), et il ne lui fit aucun tort : au contraire, il lui fut utile ; mais il se priva lui-même de grands biens, et son accusation lui fit faire naufrage et le perdit. Ainsi, celui qui vous injurie se blesse de toutes parts, se punit lui-même, et il ne vous fait aucun mal.
Pour vous sûrement si vous veillez, si vous êtes attentifs sur vous-mêmes, vous faites un double gain et un double profit, et parce que, par votre silence, vous vous rendez Dieu propice, et parce que vous en devenez plus modéré, et encore, parce que ce qu’on a dit de vous vous sert à vous corriger de vos défauts et à mépriser la gloire humaine. C’est pour nous un grand sujet d’affliction et de douleur de voir que la plupart des hommes recherchent avidement la gloire et la renommée. Si nous voulons philosopher, nous comprendrons aisément et parfaitement que les choses humaines ne sont qu’une ombre, et n’ont rien de réel. Apprenons-le donc, et faisant un examen exact de nos vices et de nos défauts, corrigeons-les peu à peu ; ce mois, celui-là, le mois suivant, cet autre, et de même proposons-nous d’en corriger un troisième le mois d’après. De cette sorte, nous élevant comme par degrés, nous arriverons au ciel par l’échelle de Jacob. Car il me semble que cette échelle que Jacob vit en songe (Gen. 28,12), marque le progrès dans la vertu, ce progrès qui nous élève de la terre au ciel, non par des degrés sensibles, mais par la correction et la réformation des mœurs et par l’accroissement de la vertu. Entreprenons donc ce voyage, travaillons à monter par cette échelle, afin qu’étant arrivés au ciel, nous y jouissions de toutes sortes de biens, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.