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parlant de la connaissance du Père et du Fils, nous a déclaré encore ailleurs cette vérité par ces paroles : « Tout ce qui est à mon Père est à moi ». (Jn. 16,15)
Enfin ces mots : « Vous m’avez donnés », et les autres semblables, déclarent que le Fils n’a pas reçu ceux que le Père lui a donnés comme une chose étrangère, mais comme un bien qui lui était propre « et qui lui appartenait également ». Il en apporte ensuite la raison et la preuve, en disant : « Et j’ai été glorifié en eux », c’est-à-dire, ou j’ai un pouvoir sur eux, ou ils me glorifieront lorsqu’ils croiront en vous et en moi, et ils nous glorifieront également. Que si le Fils n’est pas également glorifié en eux, ce qui est au Père n’est plus au Fils. Personne n’est glorifié en ceux sur lesquels il n’a point de pouvoir.
2. Mais comment est-il également glorifié ? Il l’est, parce que tous meurent pour lui, comme pour le Père, et que tous le prêchent ainsi que le Père, et encore, parce qu’en disant que tout se fait au nom du Père, ils lisent aussi de même que tout se fait au nom du Fils. « Je ne suis plus dans le monde, mais » pour eux, « ils sont » encore « dans le monde (11) ». C’est-à-dire, quoiqu’on ne me voie plus dans la chair, je serai glorifié en eux. Pourquoi répète-t-il souvent : Je ne suis plus dans le monde et je les laisse, je vous les recommande ; et, lorsque j’étais dans le monde, je les ai conservés ? Si l’on prend ces paroles à la lettre, il s’ensuivra bien des absurdités. Comment n’est-il plus dans le monde, et, lorsqu’il en sort, les recommande-t-il à un autre ? Ce sont là les paroles d’un pur homme qui se séparerait des siens pour toujours.
Ne voyez-vous pas que le Sauveur parle d’une manière humaine, et pour s’accommoder à la portée et au génie de ceux qui croyaient que sa présence leur était nécessaire, pour être plus en sûreté ? Voilà pourquoi il dit : « Lorsque j’étais avec eux, je les conservais ». Et néanmoins, il ajoute : « Je reviens à vous ». (Jn. 14,28) Et : « Je suis moi-même toujours avec vous jusqu’à la fin du monde ». (Mt. 28,20) Comment donc parle-t-il de même que s’il allait partir ? Ainsi que je l’ai dit, le Sauveur parle de la sorte pour se conformer à la pensée de ses disciples, et afin qu’ils respirent et prennent courage en lui entendant dire ces choses, et les recommander à son Père. Ils ne se rendaient point à toutes ces paroles de consolation qu’ils avaient entendues, le Sauveur les recommande enfin à son Père, et montre ainsi l’amour qu’il a pour eux ; c’est comme s’il disait : Mon Père, puisque vous m’appelez à vous, mettez-les en sûreté, car je retourne à vous.
Que dites-vous, Seigneur ? Ne pouvez-vous pas vous-même les conserver ? Je le puis. Pourquoi parlez-vous donc de la sorte ? C’est « afin qu’ils aient en eux-mêmes la plénitude de ma joie », c’est afin qu’étant encore bien faibles et bien imparfaits, ils ne se troublent pas néanmoins. Le Sauveur fait voir par ces paroles qu’il n’a parlé en ces termes que pour les consoler, les mettre en repos et leur donner de la joie : autrement, il paraîtrait se contredire.
« Je ne suis plus dans le monde, mais pour eux, ils sont » encore « dans le monde (11) ». C’était là leur pensée, et le divin Sauveur a la bonté de s’accommoder à leur faiblesse. S’il eût dit : Je les conserve moi-même, ils ne l’auraient point cru ; c’est pourquoi il dit : « Père saint, conservez-les en votre nom (11) », c’est-à-dire, par votre secours. « Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les conservais en votre nom (12) ». Jésus-Christ parle encore comme homme et comme prophète. Et même il ne paraît jamais clairement qu’il ait fait quelque chose au nom de Dieu. Il dit : « J’ai conservé ceux que vous m’avez donnés, et nul d’eux ne s’est perdu ; il n’y a eu de perdu que celui qui était enfant de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie (12) ». Et ailleurs : « Je ne laisserai perdre aucun de ceux que vous m’avez donnés ». (Jn. 18,9) Mais toutefois, non seulement l’enfant de perdition s’est perdu, mais bien d’autres encore se sont perdus dans la suite ; comment dit-il donc : « Je ne laisserai point perdre ? » Autant que je le pourrai, je ne les laisserai point perdre ; et c’est ce qu’il dit plus clairement ailleurs : « Je ne les jetterai point dehors ». (Jn. 6,37) Il ne se perdra point par ma faute, il ne se perdra point pour avoir été poussé ou abandonné. Que s’ils se retirent volontairement, je ne les attirerai point par force.
« Mais maintenant, je viens à vous (13) ». Ne voyez-vous pas que Jésus-Christ tempère son discours d’une manière humaine ? C’est pourquoi, si l’on veut se servir (le ces paroles, pour diminuer la grandeur du Fils, on diminuera