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poussés par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi. (Gal. 5,18) Car vous n’avez point reçu l’Esprit de servitude, pour vous conduire encore par la crainte : mais vous avez reçu l’Esprit de l’adoption des enfants ». (Rom. 8, 15) Mais, de plus, les miracles que faisaient alors les apôtres, ils les opéraient par le Saint-Esprit, qui était descendu sur eux. Et saint Paul, dans son épître aux Corinthiens, dit : « Mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Père (VI, 11) ». Comme donc les disciples et les Juifs avaient beaucoup entendu parler du Père ; comme ils avaient vu les grandes œuvres que le Fils avait opérées, et qu’ils n’avaient rien encore appris de bien clair du Saint-Esprit, le Saint-Esprit fait des miracles, et par là il se fait parfaitement connaître. Mais, de peur qu’ils n’en prissent occasion, comme j’ai dit, de le croire plus grand que le Fils, Jésus-Christ ajoute : « Il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir ». Si ce n’était pas dans cette vue que le Sauveur a ajouté ces paroles, ne serait-il pas bien absurde de dire que le Saint-Esprit n’a entendu qu’alors, et en vue des disciples ? En effet, selon vous, l’Esprit-Saint n’aurait dû alors même entendre, que pour répéter aux disciples ce qu’il aurait appris. Est-il rien de plus misérable, et de plus détestable que, cette idée ? Mais, de plus, que devait-il entendre ? Tout ce que, selon vous, il devait entendre, ne l’avait-il pas déjà annoncé par la bouche des prophètes ? Soit qu’il dût parler de la destruction de la loi, ou parler de Jésus-Christ, de sa divinité et de son incarnation, toutes ces choses n’avaient-elles pas déjà été annoncées depuis longtemps ? Que pouvait-il dire de plus clair dans la suite ? « Et il vous annoncera les choses à venir ». Par ces paroles, le divin Sauveur fait évidemment connaître la nature et la dignité du Saint-Esprit, parce qu’il n’appartient qu’à Dieu seul de prédire l’avenir. Que si l’Esprit-Saint l’apprend d’un autre, il n’aura rien de plus que les prophètes. Mais, encore une fois, Jésus-Christ montre par ces paroles la connaissance très exacte et très parfaite que le Saint-Esprit a de Dieu, puisqu’il ne peut dire autre chose. Au reste, ce mot : « Il recevra ce qui est à moi », veut dire de la grâce dont ma chair a reçu la plénitude, ou de cette connaissance que j’ai, non par octroi, ni pour l’avoir reçue d’autrui ; mais parce que la science du Père, du Fils et du Saint-Esprit est une seule et même science. Mais pourquoi Jésus-Christ s’est-il expliqué en ces termes, et non autrement ? Parce que les disciples n’avaient pas encore reçu la connaissance du Saint-Esprit : c’est pour cela qu’il ne s’attache qu’à une seule chose ; à savoir, qu’ils le croient et qu’ils le reçoivent, et qu’ils ne se scandalisent point ; car comme il avait dit : « Le Christ est votre seul chef » (Mt. 23,8) et conducteur de peur qu’on ne crût qu’ils n’ajoutaient point foi à la parole de Jésus-Christ, s’ils croyaient au Saint-Esprit, il dit : « Ma doctrine et sa doctrine » sont la même doctrine. Ce que dira l’Esprit-Saint viendra de la même source que mes propres paroles. Ne croyez pas qu’il en dise d’autres ; les choses qu’il dira sont à moi et me glorifieront : la volonté du Père, du Fils et du Saint-Esprit est la même volonté. Et Jésus-Christ veut que nous n’ayons tous aussi qu’une seule et même volonté disant : « Afin qu’ils soient un, comme vous et moi nous sommes un ». (Jn. 17,11, 21)

4. Rien n’est égal à l’union et à la bonne intelligence ; par elle un homme isolé devient partie d’un grand tout. Si deux ou dix personnes sont unies ensemble de cœur, chacune d’elles n’est plus une seule, mais elle se décuple, pour ainsi dire ; dans ses dix vous ne trouverez qu’un, et dans un vous trouverez dix. S’ils ont un ennemi, comme alors il ne s’attaque pas à un seul, mais à dix, il faut qu’il succombe, puisqu’il n’est pas repoussé par un seul, mais par dix. Qu’un soit dans le besoin, il n’est pas pour cela dans l’indigence ; il est riche par sa plus grande partie, savoir : par les neuf autres ; et la partie qui tombe est aussitôt soutenue, la plus faible par la plus forte. Chacun d’eux a vingt mains, vingt yeux et autant de pieds ; il ne voit pas seulement par ses yeux, mais encore par ceux des autres ; il ne marche pas seulement par ses pieds, mais encore par ceux des autres ; il n’agit pas seulement par ses mains, mais encore par celles des autres. Chacun d’eux a dix âmes ; car il n’a pas seul le soin de ses affaires, les autres en ont soin pareillement. Et s’ils étaient cent ainsi unis ensemble, il en serait de même, et la force s’augmenterait à proportion du nombre.

Ne voyez-vous pas, mes frères, l’excellence