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dit-il, « à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé (21) » ; c’est-à-dire, ils traitent aussi mon Père outrageusement. De plus, faisant voir qu’ils sont indignes de tout pardon, il leur donne un autre sujet de consolation par ces paroles : « Si je n’étais point venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point le péché (22) » qu’ils ont, leur montrant qu’ils le maltraiteront, lui et ses disciples. Pourquoi nous avez-vous donc attiré tous ces mauvais traitements ? Est-ce pour n’avoir pas prévu ces haines et ces guerres ? c’est pour cela qu’il ajoute : « Celui qui me hait, hait aussi mon Père (23) ». Par ces paroles, Jésus-Christ prédit a ses persécuteurs les terribles supplices auxquels ils seront condamnés. Comme en toute occasion ils prétextaient l’amour et la gloire du Père, et alléguaient que c’était à cause de lui qu’ils persécutaient Jésus-Christ, le Sauveur a dit ces choses pour leur ôter toute excuse. Car, dit-il, ils n’ont point d’excuse. Je leur ai donné mes instructions, je leur ai enseigné ma doctrine, que j’ai confirmée par mes œuvres, selon la loi de Moïse, qui ordonne d’écouter celui qui fait et qui dit, et de lui obéir lorsque ses paroles les mènent à la piété, et sont appuyées de grands miracles ; non, dit-il, de miracles communs et ordinaires, mais de miracles inouïs ; et de ceux-là, ils en ont eux-mêmes rendu témoignage, en disant : « On n’a jamais rien vu de semblable dans Israël » (Mt. 9,33) ; et : « Depuis que le monde est, on n’a jamais ouï que personne ait ouvert les yeux à un aveugle-né » ; et encore la résurrection de Lazare et tant d’autres prodiges, et la manière aussi dont ils ont été opérés, en sorte que tout est certainement nouveau et étonnant.
Mais pourquoi nous persécutent-ils, et vous et nous ? « Parce que vous n’êtes pas du monde ; si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ». (Jn. 7,7) Premièrement, Jésus-Christ leur rappelle les paroles qu’il avait dites à ses frères, mais alors d’une manière véritablement plus couverte, de peur de les offenser, et maintenant, au contraire, il leur parle ouvertement et il leur découvre tout. Et d’où paraît-il que c’est là le sujet pour lequel ils nous haïssent ? Cela est évident par ce qu’ils m’ont fait à moi-même. Car, soit dans mes paroles, soit dans mes œuvres, qu’ont-ils trouvé à reprendre pour ne pas me recevoir ? Et comme on pouvait s’étonner de ce refus, il en donne aussi la raison, savoir : leur méchanceté. Mais cela ne lui suffit pas, il apporte encore le témoignage du prophète, faisant voir qu’il l’avait prédit depuis longtemps par ces paroles : « Ils m’ont haï sans « aucun sujet ». (Ps. 39, 22, et 68, 5 v. 25)
Saint Paul le déclare de même. Comme plusieurs s’étonnaient de ce que les Juifs ne croyaient point, il cite les prophètes qui l’avaient prédit auparavant, et qui révèlent la cause de leur incrédulité ; à savoir : leur malice et leur arrogance. Mais quoi ? Ils n’ont point gardé votre parole, ils ne garderont donc pas la nôtre ; ils vous ont persécuté, ils vous persécuteront donc aussi ; s’ils ont vu des miracles, tels que nul autre n’en a fait de semblables, s’ils ont ouï des paroles qu’on n’avait point encore entendues et n’en ont point profité, s’ils ont haï votre Père et vous aussi, pourquoi nous exposez-vous au milieu d’eux ? Comment pourront-ils nous juger dignes de foi ? Qui de nos compatriotes nous écoutera ?
3. Voyez, mes frères, la consolation que le divin Sauveur donne à ses disciples, de peur que ces pensées ne les agitent et ne les troublent. « Mais », leur dit-il, « lorsque le Consolateur, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, que je vous enverrai de la part de mon Père, sera venu, il rendra témoignage de moi Et vous en rendrez aussi témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi (27) ». Ce Consolateur sera digne de foi ; il est l’Esprit de vérité. C’est pourquoi Jésus-Christ ne l’a point appelé le Saint-Esprit, mais l’Esprit de vérité. Ce mot : « Qui procède du Père », montre qu’il connaît exactement toutes choses, ce que Jésus-Christ dit aussi de lui-même : « Je sais d’où je viens et où je vais » : passage où il parle aussi de la vérité. « Que je vous enverrai » ; vous le voyez : le Père n’envoie pas seul, mais le Fils envoie aussi. Vous-mêmes vous serez dignes de foi, vous qui avez toujours été élevés avec moi, et qui avez appris de moi, et non des autres : les apôtres s’appuient là-dessus, lorsqu’ils disent : « Nous qui avons mangé et bu avec lui ». (Act. 10,41) Et le Saint-Esprit rend aussi témoignage lui-même, que ces choses n’ont point été dites par complaisance ou par flatterie.
« Je vous ai dit ces choses afin que vous ne