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règles de l’art, mais selon leur propre ignorance.
C’est pourquoi, je vous en conjure, mes chers frères, méprisons la multitude, ou plutôt ne désirons point les louanges, ne recherchons ni l’argent ni les richesses : et ne regardons point la pauvreté comme un mal. La pauvreté est une grande maîtresse qui nous rend prudents et patients, qui nous élève à la plus haute et à la plus sublime philosophie. Lazare a vécu dans la pauvreté, et il a été récompensé d’une couronne : Jacob ne désirait que d’avoir du pain : Joseph s’est trouvé dans une même indigence ; il s’est vu non seulement esclave, mais encore prisonnier ; et c’est pour cela que nous lui donnons de plus grands éloges. Oui, nous n’admirons point tant Joseph dispensateur des blés de l’Égypte, que Joseph renfermé dans une prison : nous n’admirons point tant Joseph, couronné d’un diadème, que Joseph chargé de chaînes : nous ne l’admirons point tant lorsqu’il est assis sur le trône, que lorsqu’on lui dressait des embûches et qu’on le vendait.
Considérant donc toutes ces choses, et les couronnes qui sont préparées à ces combats, ne louons ni les richesses, ni les honneurs, ni les dignités, ni les délices, ni la puissance lotions au contraire la pauvreté, les chaînes, les liens, et les travaux et les afflictions que l’on souffre pour la vertu. Celles-là finissent par le tumulte et le trouble, et se terminent à cette vie ; mais celles-ci nous procurent le royaume des cieux et les biens célestes, que a l’œil n’a point vus, et l’oreille n’a point en« tendus (1Cor. 2,9) : fasse le ciel que nous les obtenions tous, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire, dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.  Voir le début du chap. 16.

HOMÉLIE LXXVII.


JE VOUS DIS CES CHOSES, AFIN QUE MA JOIE DEMEURE EN VOUS, ET QUE VOTRE JOIE SOIT PLEINE ET PARFAITE.— LE COMMANDEMENT QUE JE VOUS DONNE, EST DE VOUS AIMER LES UNS LES AUTRES, COMME JE VOUS AI AIMÉS. (VERS. 11, 12, JUSQU’AU VERS. 4 DU CHAP. XVI)

ANALYSE.

  • 1. On peut séparer l’amour de Dieu de l’amour du prochain. 2. Jésus-Christ console ses apôtres.
  • 3. Dernière consolation : promesse du Saint-Esprit que le Fils envoie comme le Pire.
  • 4 et 5. Divers sujets de consolation dans les souffrances et les afflictions. – Dans les souffrances, penser plus aux couronnes qu’aux peines, au ciel qu’au temps. – Dans les aumônes, dans les autres bonnes œuvres, ne penser point tant à la semence qu’à la moisson. – La vertu est pénible, faire attention au bien qu’elle procure. – Ceux qui sont forts aiment la vertu pour elle-même, les faibles envisagent les récompenses. – Recommandation de l’aumône : combien de raisons et de motifs nous engagent à la faire. – Si l’on ne donne rien aux pauvres, du moins ne les point injurier ni maltraiter : point de repos en cette vie, pour en jouir en l’antre. – Retrancher le superflu. – Se contenter du nécessaire. – Répandre ses richesses sur les pauvres. – D’où vient l’inhumanité envers les pauvres ? – De ce qu’on amasse par avarice.


1. Toutes les bonnes œuvres obtiennent leur récompense après leur plein accomplissement : si elles restent en chemin, tout fait naufrage. Et comme un vaisseau chargé de toutes sortes de marchandises, qui n’arrive point au port, mais que les flots engloutissent