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2. Vous le remarquez sans doute, mes frères, tout est commun, émonder comme jouir de la vertu de la racine. C’est sûrement une grande perte et un grand malheur de ne pouvoir rien faire, de ne pouvoir porter aucun fruit ; mais la peine ne se termine point ici, elle va plus loin. « Il sera », dit-il, « jeté dehors », il ne sera plus cultivé, « et il séchera (6) », c’est-à-dire, s’il a tiré quelque fruit de la racine, il le perd ; s’il en a reçu quelque grâce, quelques biens, il en est dépouillé, et par là il est privé de, tout secours et de la vie. Et quelle sera la fin de tout cela ? « Il sera jeté au feu ». Mais il n’en est pas de même de celui qui demeure étroitement attaché au cep de la vigne.
Le Sauveur nous apprend ensuite ce que c’est que demeurer, et dit : « Si mes paroles demeurent en vous (1) ». Vous le voyez bien maintenant, mes chers frères ; que j’ai eu raison de dire que Jésus-Christ demande le témoignage des œuvres. Car, ayant dit : Tout ce que vous demanderez ; je le ferai, il a ajouté : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé ». (Jn. 14,13, 14,15) Jésus-Christ disait ces choses pour apprendre à ses disciples que ceux qui lui dressaient dés embûches seraient jetés au feu, et qu’eux au contraire porteraient du fruit. Ainsi, ayant fait passer dans les autres la crainte qui était en eux, et leur ayant fait connaître qu’ils seraient invincibles, il dit : « C’est la gloire de mon Père que vous rapportiez beaucoup de fruits, et que vous deveniez mes disciples (8) ». Par là ce que dit le Sauveur se montre visiblement digne de foi ; si porter du fruit c’est une chose qui tourne à la gloire du Père, le Père ne négligera point sa gloire, « et vous deviendrez mes « disciples ». Remarquez bien, mes frères, que celui qui porte du fruit est disciple de Jésus-Christ. Que signifie cela : « C’est la gloire de mon Père ? » Le voici : Mon Père a de la joie lorsque vous demeurez en moi, lorsque vous portez du fruit.
« Comme mon Père m’a aimé, je vous ai « aussi aimés (9) ». Ici enfin Jésus-Christ parle d’une manière plus humaine. Comme cette parole est adressée à des hommes, elle a une vertu et une force toute particulière. Celui qui a bien voulu mourir pour ses serviteurs et pour ses ennemis et ses persécuteurs, qui leur a fait la grâce de les élever à de si grands honneurs, à une si haute dignité, qui les a menés au ciel, quel excès-d’amour n’a-t-il pas montré en faisant toutes ces choses ? Puis donc que je vous aime si fort, ayez une pleine confiance ; puis donc que c’est la gloire de mon Père que vous rapportiez du fruit, ne craignez aucun mal. Ensuite, de peur de les rendre lâches et paresseux, il les excite de nouveau et se les attache plus étroitement ; voyez bien de quelle manière, c’est eu leur disant : « Demeurez « dans mon amour », cela est en votre pouvoir. Mais comment demeurerez-vous dans mon amour ? C’est : « Si vous gardez mes commandements comme j’ai moi-même gardé les commandements de mon Père(10) ». Le Sauveur continue encore à parler humainement : étant le législateur, il né devait nullement être soumis aux lois. Vous le voyez ici, mes frères, ce que je vous répète à tout moment, que le Sauveur parle en ces termes, pour s’accommoder à la faiblesse de ses auditeurs. Il dit bien des choses en se plaçant à leur point de vue ; et toutes ses paroles tendent à leur faire connaître qu’ils sont en sûreté, et qu’ils renverseront et fouleront aux pieds leurs ennemis ; et encore, que tout ce qu’ils ont, ils le tiennent du Fils, et que, s’ils mènent une vie pure et sainte, nul ne pourra les vaincre ni leur résister.
Mais observez, mes frères, avec quelle autorité Jésus-Christ parle à ses disciples. Il n’a point dit : Demeurez dans l’amour de mon Père, mail dans mon amour. Ensuite, de peur qu’ils ne disent : maintenant que vous nous avez attiré la haine de tout le monde, vous vous en allez et vous nous laissez ; il leur montre qu’il ne les laisse point, et qu’au contraire il, s’attachera aussi étroitement à eux, s’ils le veulent véritablement, que la branche est attachée au cep de la vigne. De peur encore que trop de confiance ne les rende nonchalants, il leur dit que s’ils sont lâches et paresseux, les grâces qu’ils auront reçues ne sont point inamissibles. Et aussi pour ne se pas rapporter tout à lui-même et les exposer par là à une plus grande chute, il dit : « C’est la gloire de mon Père ». Partout il leur fait connaître et, son amour pour eux et celui de son Père. Les œuvres des Juifs n’étaient donc point la gloire de son Père, mais celles qu’ils devaient faire par sa grâce.
Mais encore, de peur qu’ils ne vinssent à