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HOMÉLIE LXXV.

SI VOUS M’AIMEZ, GARDEZ MES COMMANDEMENTS. — ET JE PRIERAI MON PÈRE, ET IL DONNERA UN AUTRE CONSOLATEUR, AFIN QU’IL DEMEURE ÉTERNELLEMENT AVEC VOUS, L’ESPRIT DE VÉRITÉ. — QUE LE MONDE NE PEUT RECEVOIR, PARCE QU’IL NE LE VOIT POINT. (VERS. 15, 16, 17, JUSQU’AU VERSET 30)

ANALYSE.

  • 1. Dieu veut être aimé par les œuvres. — Contre les sabelliens et ceux qui nient le Saint-Esprit. — Pourquoi, Jésus-Christ étant présent, le Saint-Esprit n’est point descendu.
  • 2. Combien était grande, dans les apôtres, la vertu du Saint-Esprit.
  • 3. Jésus-Christ raffermit ses disciples.
  • 4. Mon Père est plus grand que moi : encore une parole de condescendance. — En quoi le Père est plus grand que le Fils.
  • 5. Combien la grâce du Saint-Esprit est forte, puissante et efficace. — Description des effets qu’elle produit dans l’âme. — Tout ce qui est spirituel procure de grands biens ; tout ce qui est terrestre et charnel cause de grandes pertes. — L’homme peut n’être pas inférieur aux anges. — Les natures incorporelles ne sont pas invincibles au vice : il s’est trouvé des anges plus méchants que les hommes et les brutes. — La chair ne rend point la vertu impossible : la multitude des saints le prouve. — S’excuser sur la chair ; excuse frivole. — On peut lier le corps, on ne saurait nous ôter la liberté. — Ce n’est point le corps qui produit le vice, c’est la lâcheté de l’âme. — Les vices ne sont point naturels. — Soumettre la chair à l’esprit, c’est le moyen d’acquérir les biens éternels.

1. Il faut des œuvres, et non de vaines et fastueuses paroles : c’est là de quoi nous avons un besoin continuel. Il est aisé à chacun de dire et de promettre : mais de faire, il ne l’est pas de même. Pourquoi dis-je cela ? C’est parce qu’aujourd’hui nous entendons dire à bien des gens, qu’ils craignent le Seigneur et qu’ils l’aiment ; et nous voyons qu’ils démentent leurs paroles par leurs œuvres. Or, Dieu veut être aimé par les œuvres. C’est pour cela qu’il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ». Ayant dit : « Quoi que vous me demandiez, je le ferai » : de peur que ses disciples ne crussent qu’il leur suffisait de demander, il a ajouté : si vous m’aimez, alors je le ferai. Et comme ces paroles : « Je m’en vais à mon Père », les avaient sans doute jetés dans le trouble, Jésus leur dit, ce n’est point m’aimer que de vous troubler de la sorte : pour m’aimer, il faut être soumis et obéissant à ma volonté. Je vous ai fait un commandement, c’est de vous aimer les uns les autres (Jn. 13,33) ; c’est de faire les uns aux autres ce que je vous ai fait (Id. 15) : votre amour consiste à faire toutes ces choses, et à être soumis à celui que vous aimez.

« Et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre consolateur ». Ce sont là les paroles d’un Maître charitable qui veut bien s’abaisser pour s’accommoder à la faiblesse de ses disciples. Comme il n’y avait nullement à douter, que, ne le connaissant pas bien encore, ils désireraient et rechercheraient avec une ardeur extrême sa compagnie, ses entretiens, sa présence corporelle, et qu’ils seraient inconsolables de son absence, il leur dit : « Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre paraclet » ; c’est-à-dire, un autre, tel que je suis moi-même.

Que les sectateurs de Sabellius et ceux qui nient la divinité du Saint-Esprit soient couverts de honte et de confusion en entendant ces paroles. Car il est admirable et tout à fait étonnant que, dans ce peu de paroles, Jésus-Christ ait renversé d’un seul coup toutes les hérésies qui sont opposées à l’existence du Saint-Esprit. En effet, quand il dit « un autre »