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HOMÉLIE LXXIV.


PHILIPPE LUI DIT : SEIGNEUR, MONTREZ-NOUS VOTRE PÈRE, ET IL NOUS SUFFIT. – JÉSUS LUI RÉPONDIT : PHILIPPE, IL Y A SI LONGTEMPS QUE JE SUIS AVEC VOUS, ET VOUS NE AIE CONNAISSEZ PAS ENCORE ? CELUI QUI ME VOIT, VOIT MON PÈRE. (VERS. 8, 9, JUSQU’AU VERS. 14)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ proclame sa consubstantialité avec le Père.
  • 2. Autorité et puissance de Jésus-Christ.
  • 3. Suivre Jésus-Christ et porter sa croix. – Le sacrifice de la nouvelle loi beaucoup plus excellent que celui de l’ancienne. – Sacrifice du chrétien ; en quoi il consiste. – Les passions et les mauvais désirs étouffent la divine parole. – Ce n’est pas l’amour des richesses qui est notre tyran, c’est notre Acheté. – On a été longtemps sans connaître l’or et l’argent, d’où naît en nous l’amour des richesses. – Différents désirs : naturels, nécessaires, superflus. – Omettre de faire ce qui est facile, c’est s’ôter toute excuse. – Ne faire pas au moins quelques légères aumônes, c’est se rendre inexcusable.


1. Le prophète disait aux Juifs : « Vous avez pris le visage d’une prostituée, vous avez été sans pudeur envers tous ». (Jer. 3,3, LXX) Comme on le voit, ces paroles s’appliquent justement, non seulement à la ville de Jérusalem, mais à tous ceux encore qui résistent impudemment à la vérité. Car Philippe ayant dit à Jésus-Christ : « Seigneur, montrez-nous votre Père », Jésus-Christ lui répondit : « Philippe, il y a si longtemps que je « suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ? » Et cependant il se trouve des gens qui, après ces paroles, séparent encore le Fils du Père. Mais, ô hérétiques, quelle plus grande et plus étroite union pourriez-vous demander ? Sur cette réponse du. Sauveur, quelques-uns sont tombés dans l’hérésie de Sabellius. Mais laissons-la les sabelliens et les autres hérétiques, comme étant, par une impiété détestable, diamétralement opposés à la vérité, et attachons-nous à examiner avec exactitude le vrai sens de ces paroles.
« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore, Philippe ? » Quoi ? Êtes-vous le Père que je cherche à connaître ? Non, répond Jésus-Christ. C’est pourquoi il n’a point dit : Vous ne l’avez pas connu, mais « vous ne me connaissez pas encore ». Par où il déclare uniquement que le Fils n’est autre chose que ce qu’est le Père, demeurant néanmoins lui-même toujours le Fils.
Qu’est-ce qui porta Philippe à faire cette question ? C’est cette parole de son Maître « Si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père » (Jn. 14,7) ; c’est aussi que le Sauveur avait souvent dit la même chose aux Juifs. Comme donc Pierre, les Juifs, ainsi que Thomas, ayant souvent demandé à Jésus qui était son Père, ni les uns ni les autres n’en avaient pas été mieux renseignés, et qu’ils étaient tous demeurés dans l’ignorance : Philippe, qui ne veut point paraître importun, en se joignant aux Juifs pour faire la même question, dit : « Montrez-nous votre Père », mais aussitôt il ajoute : « Et il nous suffit » : Seigneur, nous ne vous demandons rien de plus. Jésus-Christ avait dit : « Si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père », et il faisait connaître son Père par lui-même. Philippe, au contraire, change cet ordre, en disant : Montrez-nous votre Père, comme s’il eût parfaitement connu Jésus-Christ. Mais le Sauveur ne se rendit pas à sa demande ; le remettant dans la voie, il lui fit entendre que c’était par lui-même qu’il devait connaître son Père. Philippe voulait voir le Père avec les yeux de la chair, peut-être parce