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HOMÉLIE LXIX.


PLUSIEURS NÉANMOINS DES SÉNATEURS MÊMES CRURENT EN LUI, MAIS A CAUSE DES PHARISIENS ILS N’OSAIENT LE RECONNAÎTRE PUBLIQUEMENT, DE CRAINTE D’ÊTRE CHASSÉS DE LA SYNAGOGUE. CAR ILS ONT PLUS AIMÉ LA GLOIRE DES HOMMES QUE LA GLOIRE DE DIEU. (VERS. 42, 43, JUSQU’A LA FIN DU CHAPITRE XII)

ANALYSE.

  • 1. L’avarice est une très-dangereuse maladie. – La substance du Père et du Fils est égale et tout à fait la même.
  • 2. Lorsque Jésus-Christ dit : Je ne suis pas venu de moi-même, il ne détruit pas sa puissance, mais il montre seulement qu’il n’est pas contraire à son Père.
  • 3. Fuir la vaine gloire, son poison se répand partout : ses excès. – Contre le luxe des femmes, s’attacher à orner plutôt l’âme que le corps. – Recommandation de l’aumône. – Les femmes doivent quitter leur luxe, pour pouvoir exhorter avec grâce leurs maris à faire l’aumône.


1. Sans doute nous devons pareillement fuir toutes les passions qui corrompent l’âme ; mais, par-dessus tout, celles qui donnent en outre naissance à une foule d’autres péchés comme l’avarice qui, étant par elle-même une grande maladie, devient encore plus dangereuse, en ce qu’elle est la racine et la mère de tous les maux[1]. Telle est aussi la vaine gloire. En voici un exemple : Les Juifs, dont nous parlons maintenant, se sont égarés de la foi par cette passion de la gloire. Notre évangéliste dit : « Plusieurs des sénateurs mêmes crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils n’osaient le reconnaître publiquement, de crainte d’être chassés de la synagogue ». C’est là le reproche que leur avait déjà fait Jésus-Christ, en leur disant : « Comment pouvez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns les autres, et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? » (Jn. 5,44) Ils n’étaient donc pas des sénateurs et des princes, mais des esclaves plongés dans la plus affreuse servitude. Au reste, cette crainte fut dissipée dans la suite. Et nous ne trouvons pas, qu’au temps des apôtres, ils aient été possédés de cette maladie : car alors on vit croire en Jésus-Christ et les princes et les prêtres. La grâce du Saint-Esprit descendant en eux, les rendit plus fermes et plus forts que le diamant.
Comme donc la crainte était ce qui les empêchait de croire, Jésus-Christ leur dit : « Celui qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé (44) ». Et c’est comme s’il disait : Pourquoi craignez-vous de croire en moi ? La foi passe par moi pour aller à Dieu, comme aussi l’incrédulité. Observez que Jésus-Christ déclare que sa substance est en tout la même que la substance de son Père. Le Sauveur n’a point dit : Celui qui croit en moi, de peur qu’on ne crût qu’il avait en vue seulement ses paroles, et disait une chose également vraie des hommes. Car celui qui croit aux apôtres ne croit point à eux, mais à Dieu. Afin donc de vous faire connaître qu’il parle ici de la foi en sa substance, il ne dit point Celui qui croit à mes paroles, mais celui qui croit en moi. Pourquoi, direz-vous, n’affirme-t-il jamais la réciproque : celui qui croit au Père ne croit point au Père, mais en moi ? Parce qu’ils auraient reparti : Nous croyons au Père et nous ne croyons point en vous,

  1. La passion pour le bien, dit saint Paul, est la racine de tous les maux, et quelques-uns en étant possédés, se sont égarés de la foi, et se sont embarrassés en une infinité d’afflictions et de peines. (1Tim. 6,10)