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l’homme ? » Et cela malicieusement. Ne croyez pas, disent-ils, que ce soit de vous que nous voulions parler, et ne dites pas que nous vous contredisons par animosité : nous ne savons pas de qui vous parlez, mais nous nous croyons bien fondés à vous représenter ce que la loi nous a appris. Que leur répond donc Jésus-Christ ? Il les réfute, et leur fait voir que sa passion, que sa mort n’empêche pas qu’il ne demeure éternellement.
« La lumière », dit-il, « est encore avec vous pour un peu de temps (35) », montrant par ces paroles que sa mort n’est : qu’une translation ; car la lumière du soleil ne s’éteint point, et si elle se retire pour un peu de temps, elle reparaît de nouveau. « Marchez pendant que vous avez la lumière » Quel temps cela marque-t-il ? Est-ce toute la vie présente ? est-ce le temps qui devait s’écouler jusqu’à sa mort ? Je crois que c’est l’un et l’autre. Car, par sa bonté ineffable, plusieurs, même après sa mort, ont cru en lui. Au reste, le divin Sauveur leur dit ces choses pour lest exciter à croire, comme il l’a déjà fait auparavant, en disant : « Je suis encore avec vous un a peu de temps ». (Jn. 7,3)
« Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va ». Combien de peines se donnent maintenant les Juifs sans savoir ce qu’ils font ! de même que s’ils marchaient dans les ténèbres, ils croient suivre le droit chemin, pendant qu’ils vont à l’opposé : ils gardent le sabbat et la loi, et les observances des viandes, et ils ne savent où ils vont. Voilà pourquoi Jésus leur disait : « Marchez dans la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière (36) » ; c’est-à-dire, mes enfants. Saint Jean dit, au commencement de son évangile : les enfants « ne sont point nés du sang ni de la volonté de la chair, mais de Dieu même » (Jn. 1,3) ; c’est-à-dire, de mon Père. Mais ici il est marqué que c’est le Fils qui les engendre, pour vous apprendre que l’œuvre du Père et celle du Fils sont la même ; œuvre et une seule opération.
« Jésus parla de la sorte, et, se retirant, il se cacha d’eux ». Pour quelle raison se cacha-t-il alors ? Ils ne jetèrent point de pierres sur lui, ils ne blasphémèrent point, comme ils l’avaient fait auparavant. Pourquoi donc se cacha-t-il ? Voyant ce qu’il y avait de plus secret dans leurs cœurs, il savait qu’ils s’irritaient contre lui, quoiqu’ils ne dissent mot : il savait qu’ils étaient en fureur et qu’ils ne respiraient que le meurtre : et il n’attendit point qu’ils éclatassent au-dehors, mais il se cacha pour apaiser leur envie par son absence. Faites attention au grand soin qu’a l’évangéliste de l’insinuer, en ajoutant aussitôt : « Mais quoi qu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne croyaient point en lui (37) ». Quel est ce grand nombre de miracles ? Ceux dont l’évangéliste n’a point parlé, comme on le voit par ce qui suit. Car s’étant d’abord retiré, il revient auprès d’eux, et leur parle avec douceur en ces termes : « Celui qui croit en moi, ne a croit pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé ». (Jn. 12,44) Observez ce que fait. 1e, Sauveur : il commence à s’insinuer dans leur esprit par des – expressions grossières, s’appuyant dû Père : après il relève encore son discours, et lorsqu’il les voit s’animer et s’irriter, il se retire ; puis il reparaît de nouveau, et recommençant dans un langage encore approprié à leur faiblesse.
Et où Jésus-Christ fait-il cela ? Disons plutôt : où ne le fait-il pas ? Écoutez ce qu’il dit au commencement : « Je juge selon ce que j’entends ». (Jn. 5,30) Après quoi, parlant, d’une manière plus élevée, il dit : « Car, comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il lui plaît ». (Id. 21) Ensuite, se rabaissant encore, il dit : « Pour moi, je ne vous « juge point, un autre me fera justice ». (Jn. 8,15, 50) Et il se retire derechef, et après, se faisant voir à eux en Galilée : « Travaillez », pour avoir, leur dit-il, « non la nourriture qui périt ». (Id. 6,27) Et après avoir parlé de soi d’une manière grande et élevée, avoir dit qu’il est descendu du ciel (Id. 41), qu’il donne la vie éternelle (Id. 10,28), il se retire encore. A la fête, dite des Tabernacles, il fait la même chose. (Id. 7,2)
2. Faites-y attention, mes frères : vous verrez que le Sauveur varie continuellement ses discours et ses instructions par des expressions tantôt humaines, tantôt sublimes ; et que tantôt il se retire et se cache, tantôt il reparaît et se fait voir publiquement : il en usa de même en cette occasion. « Mais quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne croyaient point en lui », dit l’évangéliste. « Afin que cette parole du prophète Isaïe fût accomplie : Seigneur, dit-il, qui a cru à la parole qu’il a entendue de nous, et à qui le bras du Seigneur