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que dit l’Écriture des libertins de cette espèce : « Le ver qui les ronge ne mourra point, et le feu qui les brûle ne s’éteindra point ». (Mc. 9,45) Que ces menaces vous remplissent d’effroi, craignez ce lieu de tourments. La volupté que vous ressentez maintenant n’est pas aussi grande que sera grand le supplice auquel vous serez condamnés. Mais Dieu vous garde de vous exposer à un pareil malheur ! que plutôt il nous fasse la miséricorde d’embrasser la piété et la sainteté, afin que nous puissions voir Jésus-Christ, et jouir des biens qu’il nous a promis. Fasse le ciel que nous les obtenions tous, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire, et au Père et au Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LXIV.


MAIS JÉSUS, LEVANT LES YEUX EN HAUT, DIT CES PAROLES : MON PÈRE, JE VOUS RENDS GRÂCES DE CE QUE VOUS M’AVEZ EXAUCÉ. – POUR MOI, JE SAVAIS QUE VOUS M’EXAUCEZ TOUJOURS : MAIS JE DIS CECI POUR CE PEUPLE QUI M’ENVIRONNE, ETC. (VERS. 41, 42, JUSQU’AU VERS. 48)

ANALYSE.

  • 1. C’est par condescendance pour la faiblesse de ses auditeurs et pour mieux ménager leur salut que Jésus-Christ ne parle pas toujours en Dieu. – Le saint Docteur prouve, contre les Anoméens et les Ariens, que le Père et le Fils sont de même substance.
  • 2. Les paroles que Jésus-Christ adresse à son Père avant que de ressusciter Lazare, bien qu’appropriées à la faiblesse des assistants, prouvent cependant son égalité avec le Père.
  • 3. L’orateur continue de faire ressortir l’autorité avec laquelle Jésus-Christ opère ses miracles. – Dépit des pharisiens à la nouvelle de la résurrection de Lazare. – Ils forment le dessein de faire mourir l’Auteur de la vie.
  • 4. Contre l’envie : description des maux qu’elle produit. – Pleurer ceux qui ne profitent pas des bons conseils : pleurer plutôt le mal que se font les méchants, que celui qu’ils nous font. – Répandre non des larmes humaines, mais des larmes prises des Écritures : pleurer comme les prophètes ont pleuré. – Qui sont ceux qu’on doit véritablement pleurer.


1. Ce que j’ai souvent dit, je le dirai maintenant encore : Jésus-Christ n’a point tant en vue sa dignité que notre salut, et il ne s’attache point à dire quelque chose de grand et d’élevé, mais ce qui peut nous attirer à lui. Voilà pourquoi il dit peu de choses relevées et sublimes, encore les dit-il d’une manière un peu obscure : et souvent il mêle dans son discours des choses basses et grossières. La raison pour laquelle il use souvent de telles expressions, la voici : c’est parce qu’elles gagnaient et attiraient plus ses auditeurs. Il ne parle pas toujours de même, de peur de faire tort à ceux qui devaient croire dans la suite ; mais souvent aussi il emploie ce langage, pour ne pas offenser ceux qui étaient présents à ses discours. Car ceux qui se sont défaits de ces bas sentiments où les tenaient leurs préjugés n’ont besoin que de la lumière d’un seul dogme sublime pour tout comprendre ; mais ceux dont l’esprit n’avait point cessé de ramper à terre, ne se seraient sûrement point approchés de Jésus, s’ils n’avaient fréquemment écouté des discours simples et grossiers. Et néanmoins, après avoir entendu tant et de si grandes choses, au lieu de lui rester fidèles, ils le lapident, ils le persécutent, ils cherchent à le faire mourir et l’appellent blasphémateur. Se prétend-il égal à Dieu ? ils disent : « Il blasphème » (Mc. 2,7) ; quand il dit : « Vos péchés vous