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en forme de colombe, et qui l’avait fait connaître à tous. À quoi il y avait encore à ajouter l’évidente preuve résultant des miracles, laquelle confirmait tout le reste. S’il faut croire Jean disaient-ils, à plus forte raison faut-il croire Jésus : si nous avons cru à celui-là, sans qu’il ait fait aucun miracle, nous devons à plus forte raison ajouter foi à celui-ci quia pour lui, outre le témoignage de Jean la preuve qui résulte des miracles. Ne remarquez-vous pas de quelle utilité leur a été ce lieu, combien il leur a été avantageux de s’être séparé des méchants ? Voilà pourquoi Jésus les retire souvent de cette société.

Dans l’ancienne loi, Dieu a de même retiré son peuple de la société dés méchants : il a séparé les Juifs des Égyptiens ; il les a conduits dans le désert pour les former, les instruire de ses lois et de ses préceptes. Il nous exhorte aussi à faire de même, et il nous ordonne de fuir les places publiques, le tumulte et la foule, et à nous enfermer dans notre chambre (Mt. 6,6), pour y faire tranquillement nos prières. Un vaisseau, qui n’est point agité de la tempête, fait une heureuse navigation, et l’âme qui est exempte de tous soins vit dans la paix et la tranquillité, comme si déjà elle était arrivée au port. Voilà pourquoi les femmes qui gardent généralement la maison devraient être plus appliquées à la philosophie, à la contemplation des choses célestes que les hommes. Voilà pourquoi, qui demeurait dans sa maison, loin du tumulte, était un homme plus simple qu’Esaü : car ce n’est pas sans intention que l’Écriture dit de lui, qu’« il demeurait dans la tente de son père ». (Gen. 25,27)

Mais, direz-vous, il y a aussi dans la maison beaucoup de tumulte. Oui, et la femme, si elle le veut, peut s’y attirer bien des soins et des embarras pour l’homme qui ne quitte guère la place publique et les tribunaux ; il est agité de mille préoccupations étrangères, comme un vaisseau en pleine mer, qui est battu des flots et des vents. La femme, au contraire, assise dans sa maison comme dans une école de philosophie, peut recueillir son esprit, s’appliquer et à la prière et à la lecture, et aux autres exercices de la philosophie. Et de même que ceux qui demeurent au désert ne sont troublés par personne, ainsi la femme, qui est toujours enfermée dans sa maison, peut jouir d’un repos continuel. Si quelquefois elle est obligée de sortir et d’aller en ville, elle n’est pas pour cela exposée à des troubles d’esprit : sans doute, soit pour venir à l’église, soit pour aller au bain, il lui est souvent nécessaire de sortir, mais aussi polir l’ordinaire elle est sédentaire et garde la maison. Elle peut s’y exercer à l’étude de la sagesse et calmer l’esprit agité de son mari, lorsqu’il revient chez lui ; elle peut l’adoucir et dissiper ses inutiles et chagrinantes pensées qui le tourmentent, et le renvoyer ensuite débarrassé des soins et des affaires dont il a fatigué sa tête au-dehors, emportant avec lui ce qu’il a appris de bon auprès de sa femme. Rien, en effet, rien sûrement n’a plus de force et de vertu pour régler et conduire l’homme que sa femme, lorsqu’elle est pieuse et prudente, et aussi pour tourner son esprit où elle veut, et comme il lui plaît. Il aura moins de confiance à ses amis, à des docteurs, et même à des princes, qu’aux avis, aux conseils de sa femme. Car l’extrême tendresse qu’un mari a pour sa femme, lui fait toujours recevoir ses exhortations avec plaisir. Je pourrais ici vous produire l’exemple de bien des hommes rudes et indisciplinés, que leurs femmes ont polis et civilisés. La femme est la compagne de l’homme, à table, au lit, dans la procréation des enfants : c’est elle qui est la confidente de ses secrets, de ses démarches, que sais-je encore ? attachée en tout 'à son mari, elle lui est aussi unie que l’est le corps à la tête. Elle rendra plus de services à son mari que personne, si elle est honnête et sensée.

4. C’est pourquoi j’exhorte les femmes de s’attacher à ce que je viens de dire, et de donner de bons et de salutaires avis à leurs maris ; car, si la femme est très-capable d’exciter son mari à la vertu, elle peut de même le porter au vice. C’est une femme qui a perdu Absalon, c’est une femme qui a perdu Ammon ; une femme a tâché de perdre Job : c’est la femme de Nabal qui l’a préservé de la mort ; une femme a sauvé tout un peuple[1]. Débora, Judith, et plusieurs autres, ont parfaitement bien rempli la fonction de général d’armée. Saint Paul dit : « Que savez-vous, ô femme, si vous ne sauverez point votre mari ? » (1Cor. 7,16) Et l’Écriture nous apprend que dans l’heureux siècle des apôtres, les Perside, les Marie, les Priscille (Rom. 16) se sont courageusement exposées aux combats apostoliques.

  1. Esther, etc.