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ne saurait faire de si grands miracles, si Dieu n’est avec lui ». (Jn. 3,2) Et aussi voyant les miracles qu’il faisait, ils disaient : « Ne serait-ce point le Christ ? » Mais d’autres disaient : « Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en fait celui-ci ? » (Jn. 7,31) Au reste, ces mêmes Juifs, qui demandaient le témoignage de la parole, ont voulu croire en lui sur celui de ses œuvres, disant : « Quel miracle faites-vous, afin que, le voyant, nous vous croyions ? »

2. Comme ils faisaient donc semblant alors qu’ils croiraient sur sa parole, eux qui n’avaient point cru à tant et de si grandes œuvres, Jésus-Christ leur reproche leur malice et leur méchanceté, en disant : « Si vous ne croyez pas à mes œuvres, comment croirez-vous à mes paroles ? » C’est pourquoi la demande que vous me faites est vaine et inutile. « Mais je vous ai déclaré qui je suis », dit-il, et vous ne me croyez point, parce que vous « n’êtes pas de mes brebis (26) ». Le devoir de pasteur, je l’ai entièrement rempli ; mais si vous ne me suivez pas, votre refus ne vient point de ce que je ne suis point le pasteur, mais de ce que vous n’êtes pas de mes brebis. Car « mes brebis, », dit-il, « entendent ma voix, et me suivent (27) : et je leur donne la vie éternelle (28) » : et elles ne périront jamais, « et nul ne peut les ravir d’entre mes mains, parce que mon Père, qui me les a données, est plus grand que toutes choses, et personne ne les saurait ravir de la main de mon Père (29). Mon Père et moi, nous sommes une même chose (30) ». Remarquez, mes chers frères, cette grande miséricorde de Jésus-Christ : en rejetant ces malheureux, il les exhorte pourtant encore à le suivre. « Vous ne m’écoutez pas », leur dit-il, « parce que vous n’êtes pas de mes brebis » : mais celles qui me suivent sont de ma bergerie. Et il leur parlait de la sorte, afin qu’ils tâchassent d’être de ses brebis. Ensuite, après, leur avoir exposé le bien et l’avantage qu’il leur en reviendrait, le Sauveur les excite et les anime, pour leur inspirer le désir de le suivre.

Quoi donc ! dira-t-on, si c’est à cause de la puissance du Père que nul ne ravit les brebis, s’ensuit-il que vous, vous n’ayez pas le pouvoir ou le talent de les garder ? Non, certes, ce n’est point là le sens de ces paroles ; Jésus-Christ, pour vous apprendre qu’il a dit : « Mon Père qui me les a données », afin que les Juifs ne l’accusassent pas de nouveau d’être contraire à Dieu ; Jésus-Christ, dis-je, après avoir dit : « Nul ne les ravira de mes mains », continue son discours, faisant connaître et déclarant que sa main et celle de son Père ne sont qu’une seule main. Si cela n’était pas ainsi, il devait dire : Mon Père, qui me les a données, est plus grand que toutes choses, et personne ne peut les ravir d’entre mes mains. Or, il n’a pas dit ainsi, mais : « Et personne ne les saurait ravir de la main de mon Père ». Après quoi, de peur que vous ne pensiez qu’il n’a pas la force de garder lui-même les brebis, et que c’est par la puissance de son Père qu’elles sont en sûreté, il a ajouté : « Mon Père et moi, nous sommes une même « chose » ; comme s’il disait : Je n’ai pas dit que personne ne les ravirait à cause de la puissance de mon Père, comme si je n’avais pas moi-même la puissance de les garder. « Car mon Père et moi, nous sommes une même chose », c’est-à-dire, ici, quant à la puissance. En effet, c’était là de quoi il parlait alors. Or, si la puissance est la même, il est évident que la substance est la même. En vain les Juifs recourent à tous les moyens, complots, exclusions de la synagogue, Jésus-Christ dit que c’est en vain qu’ils ont machiné toutes ces choses ; car les brebis sont entre les mains de son Père, comme dit le prophète : « J’ai représenté sur mes mains, vos murs ». (Is. 49,16) Et pour montrer qu’il n’y a qu’une seule main, Jésus dit tantôt ma main tantôt la main de mon Père. Lorsque vous entendez parler de main, ne vous figurez rien de sensible, mais entendez qu’il s’agit de la vertu, de la puissance.

Au reste, si personne n’avait ravi les brebis des mains de Jésus-Christ que parce que le Père lui avait communiqué la puissance de les garder, il aurait été inutile d’ajouter : « Mon Père et moi nous sommes une même chose ». Si le Fils était moins grand que le Père, ce serait là une parole vaine et téméraire. Certainement, par ces paroles, Jésus. Christ ne déclare autre chose que l’égalité de puissance : les Juifs l’ayant bien compris, le lapidaient pour cela même qu’il se faisait égal à son Père ; et Jésus ne dit rien pour leur ôter cette pensée. Cependant, s’il l’avait faussement imaginé, il aurait dû le leur faire connaître et leur dire : Pourquoi me traitez-vous de la sorte ? Je n’ai point dit cela pour m’attribuer