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HOMÉLIE LXI.

OR, ON FAISAIT A JÉRUSALEM LA FÊTE DE LA DÉDICACE, ET C’ÉTAIT L’HIVER. — ET JÉSUS SE PROMENANT DANS LE TEMPLE, DANS LA GALERIE, DE SALOMON, LES JUIFS S’ASSEMBLÈRENT AUTOUR DE LUI ET LUI DIRENT : JUSQUES A QUAND NOUS TIENDREZ-VOUS L’ESPRIT EN SUSPENS ? (VERS. 22, 23, 24, JUSQU’À LA FIN DU CHAP. X)

ANALYSE.

  • 1. Duplicité et incrédulité obstinée des Juifs. Lorsque Jésus-Christ les instruit par ses paroles, ils lui demandent des œuvres, et lorsqu’il fait des miracles, ils lui demandent des paroles.
  • 2. La puissance du Père et du Fils est la même. — Les Juifs comprennent que Jésus se dit Dieu, et Jésus les laisse, comme toujours, dans cette pensée. — Jésus affirme donc sa divinité. — Saint Chrysostome revient très-souvent à ce raisonnement.
  • 3 et 4. Jésus, repoussé par les Juifs, se retire au lieu où Jean lui avait rendu témoignage. — Dieu, dans l’ancienne Loi, a séparé son peuple de la société des méchants : il l’a mené dans le désert pour le former et l’instruire dans la voie de ses commandements. — Le Seigneur nous exhorte aussi de fuir le bruit et le tumulte du monde, et de faire nos prières en un lieu retiré. L’âme, qui est exempte des soins du siècle, demeure tranquille comme un vaisseau dans le port : — Devoirs des femmes : elles doivent être plus appliquées à la philosophie que les hommes ; pourquoi : pouvoir d’une femme pieuse et prudente. — La femme est la compagnie de l’homme : elle sait polir l’homme le plus grossier. — L’homme sage et réglé s’attache tendrement à la femme. — Portrait d’une femme chrétienne. — Quels sont les ornements dont elle se doit parer pour plaire à son mari. — Défigurer le corps, parer l’âme. — Contre le luxe des femmes.

1. Sûrement toute vertu est bonne, mais la douceur et la clémence passant avant toutes les autres, ce sont elles qui montrent que nous sommes hommes, et qui nous distinguent des bêtes ; elles qui nous égalent aux anges. Voilà pourquoi Jésus-Christ nous parle souvent de cette vertu, et nous recommande d’être doux et débonnaires. Il ne nous y exhorte pas seulement par ses-paroles, mais encore par ses œuvres et son exemple ; souffrant tantôt des soufflets, tantôt des injures et des complots, puis demeurant et conversant avec ceux mêmes qui le persécutent. En effet, ceux qui l’avaient appelé possédé et samaritain, qui souvent avaient voulu le faire mourir, qui lui avaient jeté des pierres, ceux-là mêmes viennent autour de lui, et lui font cette question : « Êtes-vous le Christ ? » Et, après tant d’outrages et d’embûches, Jésus-Christ ne les rebute point, il leur répond avec une grande douceur.

Mais le sujet demande que nous reprenions les choses de plus haut. « On faisait à Jérusalem, dit l’évangéliste, la fête de la Dédicace, et c’était l’hiver ». La fête que célébraient les Juifs en ce jour était grande et très solennelle ; car ils faisaient avec beaucoup de pompe et d’appareil la fête de la construction du Temple, après leur longue captivité de Perse[1]. Jésus-Christ était à cette fête. Aux approches de sa mort, il allait souvent dans la Judée. « Les Juifs s’assemblèrent donc autour de lui, et lui dirent : Jusques à quand nous tiendrez-vous l’esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ, dites-le-nous clairement ». Le Sauveur n’a point dit : Quelle demande me faites-vous ? Vous m’avez souvent appelé possédé, fou, samaritain : vous me croyez contraire à Dieu, et un séducteur, et dernièrement encore vous disiez : « Vous vous rendez témoignage à vous-même, ainsi et votre témoignage n’est point véritable ». (Jn. 8,13) Pourquoi m’interrogez-vous donc et voulez-vous apprendre de moi qui je suis, puisque vous rejetez mon témoignage ? Jésus ne dit rien de tout cela,

  1. De Perse : saint Chrysostome nomme souvent la Perse pour la Babylonie et l’Assyrie.