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nous est ordonné d’y inviter les boiteux et les aveugles (Lc. 14,13) ; si nous faisons l’aumône, il nous est ordonné de la faire aux plus petits et aux plus abjects ; car Jésus-Christ dit : « Autant de fois que vous l’avez fait à l’égard d’un de ces plus petits, c’est à moi-même que vous l’avez fait ». (Mt. 25,40) Puis donc que nous savons qu’il y a dans la prison un trésor caché, entrons-y souvent, établissons-y notre commerce, et l’inclination que nous avons pour le théâtre, tournons-la de ce côté. Si vous n’avez que votre personne à apporter aux prisonniers, donnez-leur des paroles de consolation. Dieu ne récompense pas seulement celui qui nourrit les prisonniers, mais encore celui qui les va visiter. En effet, si, entrant dans la prison, vous encouragez ces pauvres malheureux, si vous fortifiez leur âme abattue et plongée dans la crainte et dans la tristesse, en leur faisant de bonnes exhortations, en les assistant et leur promettant du secours et vos bons offices, en les instruisant, vous n’en recevrez pas une légère récompense. Plusieurs de ceux qui nagent dans les délices riront peut-être s’ils vous entendent parler de la sorte ; mais ces infortunés qui sont dans la misère, touchés et pénétrés de leur état, écouteront vos paroles avec beaucoup de douceur et de modestie ; ils vous loueront, ils s’amenderont et deviendront meilleurs. Souvent les Juifs ont ri et se sont moqués de saint Paul en l’entendant prêcher ; mais les prisonniers l’écoutaient dans un grand silence. Rien ne dispose mieux l’esprit à la philosophie que la misère, les épreuves, les afflictions.
Faisons donc attention, mes chers frères, à toutes ces choses : considérons tout le bien que nous procurerons à ces pauvres prisonniers et celui que nous nous ferons à nous-mêmes, si nous allons souvent les visiter ; si le temps que nous employons mal à propos sur la place publique et à des visites inutiles, nous le leur donnons pour les ramener à leur devoir, les gagner à Jésus-Christ et nous procurer à nous-mêmes une grande joie. Travaillons ainsi pour la gloire de Dieu, nous obtiendrons les biens éternels, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel et avec lequel gloire soit au Père et au Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.