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HOMÉLIE LIV.


JÉSUS DISAIT DONC AUX JUIFS QUI AVAIENT CRU EN LUI : SI VOUS PERSÉVÉREZ DANS MA DOCTRINE, VOUS SEREZ VÉRITABLEMENT MES DISCIPLES. – ET VOUS CONNAÎTREZ LA VÉRITÉ, ET LA VÉRITÉ VOUS RENDRA LIBRES. (VERS. 31, 32, JUSQU’AU VERS. 47)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ promet aux Juifs que sa doctrine, s’ils la gardent, les délivrera de la servitude du péché, et eux, toujours attachés au sens terrestre et charnel, répondent qu’étant fils d’Abraham, ils ne sont les esclaves de personne.
  • 2. Si vous aviez Abraham pour père, vous ne chercheriez pas à me faire mourir, leur dit Jésus-Christ.
  • 3. N’étant pas les enfants d’Abraham, les Juifs sont encore moins les enfants de Dieu ; le diable, voilà leur père.
  • 4. Pour entendre et connaître la vérité, il faut mener une vie pure et sainte. – Emporter, non les biens périssables, mais le royaume des cieux. – Celui qui ne connaît pas les petits maux, ne connaîtra pas les plus grands. – Ce qu’on fait quand on veut emporter quelque chose. – Appliquer tous ses soins et son travail à emporter le royaume des cieux. – Comment on l’emporte.


1. Nous avons besoin d’une grande patience, mes chers frères ; cette vertu se forme et croît en nous, lorsque la parole de Dieu a jeté ses racines dans nos cœurs : et, de même que le vent, avec toute sa violence et son impétuosité, ne peut arracher un chêne que de profondes racines tiennent fortement lié à la terre, ainsi personne ne pourra renverser une âme que la crainte a étroitement attachée à Dieu. Car, être cloué, c’est bien plus fort que d’être enraciné. C’est là ce que le prophète demandait au Seigneur : « Percez mes chairs par votre crainte ». (Ps. 118,120) Ainsi vous-même percez-vous, et attachez-vous aussi fortement à Dieu qu’un corps le serait à un autre par un clou profondément enfoncé. Ceux qui sont liés de la sorte, à peine peut-on les séparer ; mais ceux qui ne le sont pas de même, sont aisément surpris et renversés.
Voilà ce qui est alors arrivé aux Juifs. Après avoir entendu la parole et avoir cru, ils furent encore renversés. Jésus-Christ, voulant donc rendre leur foi plus solide, plus ferme, plus profonde, laboure leur âme, pour ainsi dire, de reproches plus acérés ; car, puisqu’ils avaient reçu la foi, leur devoir était d’écouter et de souffrir patiemment les réprimandes ; mais tout d’abord ils prirent feu et s’emportèrent. Maintenant, quelle est la marche suivie par Jésus-Christ ? Il commence par cette exhortation : « Si vous persévérez dans ma doctrine, vous serez véritablement mes disciples, et la vérité vous rendra libres » ; comme s’il disait : Je dois faire une profonde incision, mais ne vous en troublez pas : ou plutôt, par ces paroles, il rabaisse leur orgueil. De quoi, je vous prie, la vérité les rendra-t-elle libres ? De leurs péchés. Et que répondirent ces insolents ? « Nous sommes de la race d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne (33) ». Ils perdirent d’abord l’esprit, parce qu’ils désiraient avidement les choses terrestres.
Ce mot : « Si vous persévérez dans ma doctrine », découvre leur pensée et ce qu’ils méditaient dans le cœur, et montre que celui qui parlait de la sorte savait que véritablement ils avaient cru, mais qu’ils n’avaient point persévéré dans la foi : et encore il leur fait espérer quelque chose de grand, savoir, qu’ils seront ses disciples. Comme, depuis peu, plusieurs s’étaient retirés, Jésus, par allusion à ce départ, dit : « Si vous persévérez » ; en effet, ces gens-là aussi avaient ouï sa doctrine, ils avaient cru, et ils s’étaient retirés, parce qu’ils n’avaient pas persévéré. « Car plusieurs de ses disciples », dit l’évangéliste, « se retirèrent de sa suite, et n’allaient plus avec lui ». (Jn. 6,67)