Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée

ils en portent un autre, jugement injuste et digne de leur folie. « Nous savons », disent-ils, « d’où il est » : ou, « que quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est ». (Mt. 2,4, 5) Mais vos princes des prêtres, interrogés sur le lieu de sa naissance, répondirent que c’était dans. Bethléem qu’il devait naître.
D’autres encore viennent dire : « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse : mais, pour celui-ci, nous né savons d’où il est ». (Jn. 9,29) Voyez ces paroles de gens ivres. Et derechef : « Le Christ viendra-t-il de Galilée ? (Jn. 7,41). « Ne viendra-t-il pas de la petite ville de Bethléem ? » (Id. 42) Ne remarquez-vous pas le jugement de ces insensés. Nous savons, nous ne savons pas : Il viendra de la petite ville de Bethléem : « Mais quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est ». Est-il rien de plus visible que la contradiction de ces paroles ? La seule chose qu’ils avaient en vue, c’était de ne point croire.
Mais, à tous ces discours, que répond Jésus-Christ ? « Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis : et je ne suis pas venu de moi-même ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez point.
Et encore : « Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ». (Jn. 8,19) Comment donc Jésus-Christ dit-il ici qu’ils le connaissent et qu’ils savent d’où il est ; et ailleurs, qu’ils ne connaissent ni lui, ni son Père ? Le divin Sauveur ne se contredit point, loin de nous une telle pensée ! Il est parfaitement d’accord avec lui-même : il parle d’une autre connaissance, quand il dit : Vous ne me connaissez pas. Comme lorsque l’Écriture dit « Les enfants d’Héli étaient des enfants impies[1], « qui ne connaissaient point le Seigneur ». (1Sa. 1,12) Et encore : « Mais Israël ne m’a point connu ». (Is. 1,3) De même que saint Paul dit : « Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renoncent par leurs œuvres ». (Tit. 1,16) On peut donc connaître et ne pas connaître. Voici ce que veut dire Jésus-Christ : Si vous me connaissiez, vous saviez que je suis le Fils de Dieu. Ce mot : « D’où je suis », ne désigne point ici le lieu, comme le démontre ce qui suit : « Et je ne suis pas venu de moi-même, mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez point ». Il parle ici de cette ignorance que marquent les œuvres, et dont l’apôtre dit « Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renoncent par, leurs œuvres ». Car leur péché n’était pas un péché d’ignorance, mais de méchanceté et de mauvaise volonté. Ce qu’ils savaient fort bien, ils voulaient l’ignorer.
Mais quelle suite y a-t-il en ceci ? Pourquoi, pour les réfuter, se sert-il de leurs paroles ? Ils disaient. « Nous savons cependant d’où est celui-ci », et Jésus leur répond : « Vous me connaissez ». Que disaient-ils ? Disaient-ils qu’ils ne le connaissaient pas ? Au contraire, ils disaient : « Nous savons ». Mais quand ils disaient qu’ils savaient d’où il était, ils ne voulaient dire autre chose, sinon qu’il était de la terre et le fils d’un charpentier. Mais le divin Sauveur les élevait au ciel, en disant : Vous savez d’où je suis, c’est-à-dire : Je ne suis pas venu d’où vous pensez, mais d’où est celui qui m’a envoyé. En effet, lorsqu’il dit : « Je ne suis pas venu de moi-même », il insinue ceci, savoir : qu’ils savaient qu’il était envoyé du Père, quoiqu’ils ne voulussent pas le reconnaître. Jésus-Christ les réfute de deux manières : premièrement, il publie devant tout le monde et crie à haute voix ce qu’ils disaient en secret, afin de les couvrir de confusion ; en second lieu, il découvre et manifeste leur pensée ; c’est comme s’il disait : Je ne suis pas une personne vulgaire, je ne suis pas venu sans raison ; mais : « Celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez point ». Que signifient ces paroles : « Celui qui m’a envoyé, est véritable ? » S’il est véritable, il m’a envoyé pour la vérité. S’il est véritable, il s’ensuit que celui qui a été envoyé est véritable lui-même.
2. Jésus-Christ le prouve encore d’une autre manière, les prenant par leurs propres paroles. Comme ils disaient : « Quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est » ; par là il leur montre qu’il est le Christ. Car en disant : « Personne ne saura », ils songeaient à la différence des lieux ; et c’est par où il fait voir qu’il est le Christ, puisqu’il est sorti du Père ; et partout il rend témoignage qu’il n’appartient qu’à lui seul de connaître le Père, disant : « Ce n’est pas qu’aucun homme ait vu le Père, si ce n’est celui qui est né du Père ». (Jn. 5,1, 46) Ces paroles allumaient leur colère : lorsqu’il leur disait : Vous ne le connaissez point, et qu’il les convainquait qu’ils savaient véritablement

  1. « Impies » ou « pestilentiels » ; la Vulgate dit « de Bélial », ce qui emporte le même sens.