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suivantes, il montre qu’il est égal à Dieu. Ces paroles : « Comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, le Fils le fait de même » (Jn. 5,21) ; et : « Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père » (Id. 23) ; et : « Les œuvres que le Père fait, le Fils les fait aussi comme lui ». (Id. 19) Toutes ces choses, dis-je, établissent et confirment son égalité. Parlant de la loi, il dit : « Ne pensez pas que je sois venu « détruire la loi ou les prophètes ». (Mt. 5,17) C’est de cette manière qu’il a coutume d’arracher les mauvais soupçons. Mais ici, l’opinion de l’égalité à l’égard du Père, non seulement il ne l’ôte pas, mais il l’appuie et l’affermit.
C’est pourquoi, lorsque les Juifs lui dirent « Vous vous faites vous-même Dieu », il ne les détourna point de ce sentiment ; au contraire, il le confirma en disant : « Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Levez-vous, dit-il alors au paralytique, emportez votre lit et marchez ». (Mt. 9,6) Donc, la première accusation de se faire égal à Dieu, loin de la détruire, il la confirme ; il montre aussi qu’il n’est pas contraire à Dieu, mais qu’il dit et qu’il enseigne les mêmes choses que le Père. Enfin, la seconde, de ne point garder le sabbat, il la repousse par ces paroles : « Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? Et néanmoins nul de vous n’accomplit la loi ». Comme, s’il disait : La loi défend de tuer ; mais vous, vous tuez ; et toutefois vous in' accusez d’être un violateur de la loi. Mais pourquoi a-t-il dit : « Nul de vous ? » Parce que tous cherchaient à le faire mourir. Pour moi, dit-il, si j’ai violé la loi, je l’ai violée pour sauver la vie à un homme ; mais vous, vous la violez pour faire du mal. Quand même je la violerais, je serais excusable, le faisant pour sauver ; et ce ne serait point à vous de me le reprocher, à vous qui violez la loi dans les choses graves et importantes : car, ce que vous faites renverse entièrement la loi.
Il dispute ensuite contre eux : il l’avait déjà fait autrefois, et plus au long ; mais alors d’une manière plus élevée et conforme a sa dignité, maintenant plus simple et plus grossières Pourquoi ? Parce qu’il ne voulait pas si souvent les irriter ; car cette fois, dans le transport de, leur colère, ils n’auraient pas reculé devant un meurtre. Voilà pourquoi il persiste à apaiser leur esprit, employant ces deux moyens et le reproche de leur crime : « Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? » et une remontrance pleine de modestie et de douceur : « Moi qui vous ai dit la vérité » (Jn. 8,40) ; et en leur faisant connaître qu’eux, qui ne respirent que le sang et le carnage, ils ne doivent pas juger les autres.
Pour vous, mon cher auditeur, considérez, je vous prie, combien est humble l’interrogation de Jésus-Christ, combien est insolente et cruelle la réponse des Juifs : « Vous êtes possédé du démon. Qui est-ce qui cherche à vous faire mourir (20) ? » Parole de colère et de fureur, d’impudence ; et cela parce qu’on leur fait un reproche auquel ils ne s’attendaient pas et qu’ils se croyaient insultés. Car, ainsi que les voleurs chantent lorsqu’ils se mettent en embuscade, et qu’ensuite, pour surprendre celui qu’ils veulent attaquer, ils se tiennent dans le silence ; les Juifs agissent de même. Au reste, Jésus-Christ renonçant à les confondre, de peur de les rendre plus impudents, se justifie de nouveau sur la violation du sabbat, et dispute avec eux sur la loi.
3. Mais voyez avec quelle prudence. Il n’est pas surprenant, dit-il, que vous ne me croyiez point, que vous ne vous soumettiez pas à moi, vous qui n’écoute même pas la loi que vous paraissez suivre, et qui la violez, cette loi que vous prétendez tenir de Moïse. Il n’est donc pas extraordinaire que vous ne soyiez pas attentifs à ma parole. Comme ils avaient dit « Dieu a parlé à Moïse : mais pour celui-ci, nous ne savons d’où il est » (Jn. 9,99) ; Jésus leur montre qu’ils font une injure à Moïse, en ne se soumettant pas à la loi qu’il leur a donnée.
J’ai fait une seule action et vous en êtes « tout surpris (21) ». Sur quoi remarquez, mon cher auditeur, que quand Jésus veut se justifier et réfuter le crime dont on l’accuse, il ne fait pas mention de son Père, mais il présente sa personne seule : « J’ai fait une seule action » ; il veut faire voir que s’il ne l’avait point faite, ce serait alors qu’on pourrait dire que la loi aurait été violée, et qu’il y a des choses qu’il est plus nécessaire d’observer que la loi même, et que Moïse avait reçu contre la loi un, commandement d’un ordre plus élevé que n’était la loi. Car la circoncision était au-dessus