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HOMÉLIE XLIX.


AYANT DIT CES CHOSES, IL DEMEURA EN GALILÉE. – MAIS LORSQUE SES FRÈRES FURENT PARTIS, IL ALLA AUSSI LUI-MÊME A LA FÊTE, NON PAS PUBLIQUEMENT, MAIS COMME S’IL EUT VOULU SE CACHER. (VERS. 9, 1O, JUSQU’AU VERSET 24)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ n’agit pas toujours en, Dieu, mais souvent aussi en homme, afin de nous laisser des exemptes à suivre.
  • 2. Autre est l’hypostase de la personne du Père, autre celle du Fils. – Jésus-Christ se dit égal à Dieu son Père : embûches des Juifs.
  • 3. Jésus-Christ réfute l’accusation de violation du sabbat portée contre lui. – Les instructions que Jésus-Christ a données aux Juifs, S’adressent à tous les hommes. – Dans l’exercice de la charité du prochain, ne pas faire acception de personne. – Être incorruptible dans ses jugements. – Exercer la justice sans respect humain. – Vivre avec une mauvaise conscience, c’est vivre dans les tourments : – Point d’autre ami dans l’autre monde que la vertu : elle seule délivre de l’enfer, et fait entrer dans le paradis.


1. Les choses que, par une sage dispensation, Jésus-Christ a faites à la manière des hommes, non seulement il les a faites pour confirmer le mystère de son incarnation, mais encore pour nous instruire et nous former à la vertu. Si en toute occasion il eût agi en Dieu, où aurions-nous pu apprendre la conduite que nous devons garder dans les rencontres épineuses et difficiles ; comme ici, par exemple, s’il s’était présenté au milieu des Juifs qui né respiraient que sa mort, arrêtant tout à coup leur violence et leur fureur ? Si donc Jésus-Christ n’avait point cessé de faire des miracles et des prodiges, si toujours il avait agi en Dieu, nous, venant à tomber dans les mêmes périls, et ne pouvant nous en tirer de même que lui, comment saurions-nous ce qu’il faut faire ; s’il faut nous livrer à la mort ou nous cacher et pourvoir à notre sûreté, afin de prêcher et de répandre la parole de Dieu ? Comme donc, faute d’avoir la même puissance, nous n’aurions pas su la conduite à tenir en pareil cas ; c’est pour cela même que Jésus-Christ nous l’a appris par son exemple. Car l’évangéliste rapporte que « Jésus, ayant dit ces choses, demeura en Galilée. Mais que, lorsque ses frères furent partis, il alla aussi lui-même à la fête, non pas publiquement, mais comme s’il eût voulu se cacher ». Ces paroles : « Lorsque ses frères furent partis », marquent qu’il ne voulut pas aller à la fête avec eux. Voilà pourquoi il demeura en Galilée et ne se fit point connaître, quoiqu’ils le lui conseillassent.
Mais pourquoi Jésus-Christ, qui parlait toujours publiquement, se conduit-il maintenant comme s’il eût voulu se cacher ? L’évangéliste ne dit point qu’il se soit caché, mais, comme s’il eût voulu se cacher. Car il fallait, comme j’ai dit, qu’il nous apprît les ménagements que nous devons, garder en pareil cas. Et d’ailleurs, ce n’était pas la même chose de se faire voir à des gens en colère et en fureur contre lui, ou de se montrer plus tard, après la fête.
« Les Juifs donc cherchaient, et ils disaient : Où est-il (11) ? » Voilà, certes, une belle action pour solenniser la fête ! Ils cherchent Jésus avec empressement dans le dessein de le faire mourir ; un jour de fête ils délibèrent sur les moyens de le prendre. En un atome endroit de même, ils disent : « Que pensez-vous de ce qu’il n’est point venu ce jour de fête ? » (Jn. 11,56) Et ici ils disaient : « Où est-il ? » Par un excès de haine ils ne daignent même pas le nommer. Sûrement, c’est là bien célébrer, bien sanctifier la fête : c’est là montrer une grande piété. Ils voulaient profiter de la fête même pour s’emparer