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HOMÉLIE XLVIII.


DEPUIS CELA JÉSUS VOYAGEAIT EN GALILÉE, NE VOULANT POINT VOYAGER EN JUDÉE, PARCE QUE LES JUIFS CHERCHAIENT À LE FAIRE MOURIR. – MAIS LA FÊTE DES JUIFS, APPELÉE DES TABERNACLES, ÉTAIT PROCHE. (CHAP. 7, VERS. 1, 2, JUSQU’AU VERS. 8)

ANALYSE.

  • 1. Jalousie des Juifs et incrédulité des parents de Jésus-Christ.
  • 2. Jacques frère du Seigneur, premier évêque de Jérusalem.
  • 3. Imiter la douceur et la bonté de Jésus-Christ. – Souffrir patiemment les railleries, les injures, les outrages. – La colère est une bête féroce et furieuse. – Honte et chagrin qu’elle produit : remèdes pour se guérir de cette maladie. – Raisons qu’on allègue pour se venger. – Gens colères : leur image, leur supplice en ce monde et en l’autre.


1. Rien n’est plus mauvais que la jalousie ; rien n’est pire que l’envie : c’est par elles que la mort est entrée dans le monde. Le diable voyant que l’homme était en honneur, et ne pouvant souffrir la félicité dont il jouissait, n’omit rien pour le perdre. Et nous voyons tous les jours le même arbre produire le même fruit. C’est l’envie qui a tué Abel : c’est elle quia attenté aux jours de David ; c’est elle qui a fait souffrir tant de justes ; c’est elle qui a poussé les Juifs à faire mourir Jésus-Christ. L’évangéliste le déclare en disant : « Depuis cela Jésus voyageait en Galilée. Car il n’avait pas le pouvoir de voyager en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir ». Que dites-vous, bienheureux Jean ? Celui qui peut tout ce qu’il veut, ne pouvait pas ! Celui qui ayant dit : « Qui cherchez-vous », a renversé par terre tous ceux qui l’étaient venus chercher ? Celui qui étant devant nous, n’est point vu quand il lui plaît : quoi ! celui-là n’a pas eu tout pouvoir ? Comment dans la suite, au milieu d’eux, dans le temple, un jour de fête solennelle où tous les Juifs étaient assemblés, où étaient présents ceux qui le voulaient faire mourir, a-t-il dit ce qui les piquait et les irritait le plus ? Les Juifs en étant étonnés eux-mêmes, disaient : « N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent pour le faire mourir ? Et néanmoins le voilà qui parle devant tout le monde, sans qu’ils lui disent rien ». (Jn. 7,25- 26)
Quelle est cette énigme ? Ah ! loin de nous ces paroles : l’évangéliste n’a point dit ces choses pour qu’on les regarde comme une énigme, mais pour déclarer que Jésus-Christ a fait des œuvres qui découvrent sa divinité, et qu’il en a fait aussi qui ont fait connaître son humanité. Quand il dit : « Il n’avait pas le pouvoir », il a parlé de Jésus comme d’un homme qui fait bien des choses à la manière humaine ; mais lorsqu’il dit qu’étant au milieu d’eux, personne n’osa mettre la main sur lui pour l’arrêter, il montre la puissance de sa divinité. Car il se retirait comme homme ; il apparaissait comme Dieu ; représentant l’un et l’autre véritablement. En effet, lorsqu’étant au milieu de ceux mêmes qui tendaient des pièges pour le prendre, il n’était point arrêté, il faisait alors connaître son invincible puissance ; mais lorsqu’il se retirait, il établissait la vérité de son incarnation, afin que ni Paul de Samosate, ni Marcion, ni ceux qui sont attaqués de leur même maladie, ne pussent y contredire. Par cette conduite donc il ferme la bouche à tous ces hérétiques.
« Après cela vint la fête des Juifs », appelée « des tabernacles ».(Jn. 6,3) Cette particule, « après cela », ne signifie autre chose, sinon qu’après le dernier sermon que Jésus avait