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s’attachera-t-il à des vanités, à des bagatelles Jusques à quand différerons-nous de lever les yeux au ciel ? de veiller, de mépriser les biens de la terre, les choses qui passent ? Notre propre expérience ne nous apprend-elle pas combien toutes ces choses sont viles et abjectes ?
Pensons à ces riches qui ont été avant nous tout ce que la mémoire nous rappelle d’eux, ne nous semble-t-il pas un songe ? N’est-ce pas comme une ombre, une fleur, une eau qui coule, un conte et une fable ? Cet homme était riche : mais ses richesses, que sont-elles devenues ? Elles ont péri, elles se sont évanouies. Mais les péchés que ces richesses lui ont fait commettre demeurent, et le supplice qui lui est préparé l’attend à cause de ses péchés. Ou plutôt, quand même vous n’auriez point de supplice à craindre et de royaume à espérer, il vous faudrait avoir égard au sort de vos semblables qui ne diffèrent pas du vôtre.
Voyez plutôt : on nourrit des chiens ; plusieurs même nourrissent des ânes sauvages, des ours et divers animaux ; et l’homme que la faim dévore, nous l’abandonnons ! Nous faisons plus de cas d’une nature qui nous est étrangère que de notre propre nature. N’est-ce pas quelque chose de beau, direz-vous, que de bâtir de brillantes maisons, d’avoir un grand nombre de domestiques ; et quand nous sommes couchés dans nos appartements, de voir des lambris tout éclatants d’or ? C’est là un luxe superflu et inutile. Il y a d’autres édifices beaucoup plus brillants et plus imposants que ceux-là, dont vous devez vous réjouir la vue, et que personne ne peut vous empêcher de contempler. Voulez-vous voir un beau plafond ? sur le soir regardez le ciel orné d’étoiles. Mais, direz-vous, ce plafond n’est point à moi : c’est tout le contraire, il est plus à vous que l’autre. Car c’est pour vous qu’il a été fait, et il vous est commun avec vos frères. Mais celui que vous dites à vous, n’est point à vous, il est à ceux qui hériteront de vous après votre mort. Celui-là peut vous être très-utile puisqu’il vous annonce le Créateur et vous invite à vous élever jusqu’à lui ; mais celui-ci vous nuira beaucoup et il sera votre plus sévère et plus dangereux accusateur au jour du jugement, lorsqu’il paraîtra devant vous tout brillant d’or, Jésus-Christ n’ayant pas un seul habit pour se couvrir.
C’est pourquoi, gardons-nous, mes chers frères, de tomber dans un si grand excès de folie. Ne courons pas après ce qui passe, ne fuyons pas ce qui demeure, ne perdons pas notre salut ; mais attachons-nous tous à l’espérance des biens futurs : les vieux, parce qu’ils savent qu’il leur reste peu de temps à vivre ; les jeunes, parce qu’ils doivent être persuadés que la vie est courte : le jour du jugement arrivera, comme un voleur qui vient dans la nuit. (Lc. 12,39) Puis donc que ces vérités nous sont parfaitement connues ; que les femmes avertissent leurs maris, et les maris leurs femmes. Apprenons-les aux jeunes garçons et aux jeunes filles, et exhortons-nous tous mutuellement les uns les autres à fuir les choses présentes et à ne rechercher et n’aimer que les biens de la vie future ; afin que nous puissions les acquérir, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel et avec lequel gloire soit au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.