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HOMÉLIE XLVII.


JÉSUS LUI DIT : EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS : SI VOUS NE MANGEZ LA CHAIR DU FILS DE L’HOMME, ET NE BUVEZ SON SANG, VOUS N’AUREZ POINT EN VOUS LA VIE ÉTERNELLE : CELUI QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG, A LA VIE EN LUI-MÊME. (VERS. 54, 55, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

ANALYSE

  • 1. Suite des admirables effets de la divine Eucharistie. – Jésus-Christ parle souvent de vie, pourquoi ?
  • 2. Les disciples de Jésus-Christ trouvent dures les paroles de leur Maître.
  • 3. Faire les reproches et les réprimandes avec douceur.
  • 4. Jésus prédit à Judas sa trahison. – Notre salut comme notre perte dépend de notre libre arbitre.
  • 5. L’exemple de Judas doit faire trembler ceux mêmes dont la vocation est plus visible et plus certaine. – L’avarice, cause de la trahison de Judas, le sera aussi de notre perte. – Mépriser le pauvre dans sa misère, c’est trahir Jésus-Christ. – Celui qui communie indignement, sera puni comme ceux qui ont fait mourir Jésus-Christ. – Les richesses superflues et inutiles. Mépris des choses de la terre. – Contre ceux qui, non seulement nourrissent des chiens, des ânes sauvages, des ours, et d’autres bêtes. – Le ciel est un plus beau toit que tous nos plafonds dorés, il est plus à nous que ceux-là : le regarder, il nous appelle, il nous invite d’aller au Créateur. – Jésus-Christ est nu, nos plafonds sont dorés, quelle honte pour nous, quelle folie ! – Mépriser toutes les choses passagères, ne rechercher que celles qui sont permanentes.

1. Quand nous parlons des choses spirituelles, qu’il ne reste dans nos âmes aucune pensée charnelle ou terrestre ; chassons, éloignons de nous toute idée semblable, pour nous attacher uniquement et tout entier à la divine parole. Si lorsque le roi vient dans la ville, on écarte de sa personne tout ce qui peut faire de l’embarras et du tumulte, n’est-il pas beaucoup plus juste que, lorsque le Saint-Esprit nous parle, nous l’écoutions dans une grande paix et une grande tranquillité, et avec beaucoup de crainte et de respect ? Et véritablement elles sont effrayantes, les paroles qu’on nous a lues aujourd’hui. Écoutez ce que dit Jésus-Christ : « En vérité, je vous le dis, quiconque ne mange pas ma chair et ne boit pas mon sang n’aura point la vie en soi ». Auparavant les Juifs avaient dit que cela était impossible, le divin Sauveur leur montre que non seulement cela n’est point impossible, mais que c’est encore très-nécessaire. C’est pourquoi il ajoute : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». Comme il disait : « Si quelqu’un mange de ce pain, il ne mourra jamais », et qu’il y avait toute apparence qu’ils s’en scandaliseraient de même qu’auparavant, lorsqu’ils avaient fait paraître leur scandale par ces paroles : « Abraham est mort, et les prophètes aussi, comment donc pouvez-vous dire : il ne mourra jamais ? » (Jn. 8,52) Il leur présente la résurrection, par laquelle il résout la difficulté, et leur fait voir que celui qui mange de ce pain ne mourra pas pour toujours.

Au reste, Jésus-Christ revient souvent sur ces mystères, pour faire connaître aux Juifs que la vérité, qu’il leur annonce, est très-importante et très-nécessaire, et qu’absolument il faut manger sa chair et boire son sang. Car il ajoute encore : « Ma chair est véritablement viande, et mon sang est véritablement breuvage (56) ». Que signifie cela ? Ou que la viande véritable est celle qui nourrit l’âme, ou qu’il veut confirmer et persuader ce qu’il dit ; afin qu’ils ne croient pas que ce soit là une énigme ou une parabole, et qu’ils sachent qu’il faut nécessairement manger son corps. Il dit ensuite : « Celui qui mange ma chair demeure en moi (57) », pour marquer qu’il s’incorpore en lui. Mais ce qui suit ne nous paraîtra pas se lier avec ce qui précède,