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voler ou de commettre quelque mauvaise action nous agite et nous tourmente, aussitôt pensons à ce jour, et représentons-nous le tribunal auquel nous comparaîtrons ; cette pensée réprimera la violence de nos passions et de nos désirs plus efficacement qu’aucun autre frein. Disons-le aux autres, disons-le-nous continuellement à nous-mêmes : il y a une résurrection, il y a un tribunal redoutable et terrible. Si nous voyons quelqu’un qui se réjouisse et tire vanité de ses richesses, représentons-lui qu’il y a une résurrection et un jugement, et que tout ce qu’il possède de bien restera ici ; si nous trouvons une autre personne dans l’affliction, et gémissant sous le poids de ses calamités, représentons-lui la même chose, faisons-lui savoir que ses peines et ses afflictions finiront ; et si nous rencontrons un paresseux, un homme qui vive, dans la mollesse, crions-lui la même chose, apprenons-lui qu’il sera puni de sa paresse. Cette parole guérira mieux notre âme que tout autre remède que nous lui pourrions appliquer.
Sûrement il y a une résurrection, et cette résurrection n’est point éloignée, déjà elle est à la porte. « Encore un peu de temps », dit saint Paul, « et celui qui doit venir viendra, et ne tardera pas ».(Héb. 10,37) ; et encore : « Nous devons tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ » (2Cor. 5,10), c’est-à-dire et les méchants et les bons ; ceux-là pour être couverts de honte et de confusion devant tout le monde, ceux-ci pour recevoir une plus grande gloire en présence de tons les hommes. Comme ici les juges punissent publiquement les méchants et comblent les bons de louanges et d’honneurs en présence de tout le monde, il en sera de même à ce jugement, afin que les uns aient plus de confusion, les autres plus de gloire. C’est pourquoi, faisons tous les jours de ces vérités le sujet de nos méditations. Si elles nous sont toujours présentes, rien de ce monde, rien de ce qui passe ne sera capable de nous attacher. En effet, ce qui est visible est passager, ce qui est invisible est éternel. Disons-nous donc souvent et réciproquement les uns aux autres : il y a une résurrection, il y a un jugement où il nous faudra rendre compte de nos œuvres. Tous ceux qui croient au destin, qu’ils se le disent, et bientôt ils seront délivrés de cette horrible maladie. Car s’il y a une résurrection et un, jugement, il n’y a point de destin, en dépit de l’acharnement des impies obstinés à le soutenir. Mais j’ai honte d’enseigner à des chrétiens qu’il y a une résurrection ; être encore à apprendre qu’il y en a une, sûrement c’est n’être pas chrétien ; c’est n’être pas chrétien que de n’être pas persuade : qu’il n’y a point de fatale nécessité, que rien ne se fait au hasard ni à l’aventure ; c’est pourquoi je vous prie et je vous conjure, mes frères, de vous délivrer et de vous purifier de toutes vos fautes et de tous vos péchés, et de faire tous vos efforts pour en obtenir le pardon et la rémission au jour du jugement.
Mais quelqu’un dira peut-être : Quand la consommation viendra-t-elle, quand arrivera la résurrection ? Combien déjà s’est-il passé de temps sans qu’il arrivât rien de pareil ? Mais sûrement ce temps viendra, croyez-le. Avant le déluge les hommes parlaient de même et se moquaient de Noé ; mais le déluge arriva, et il engloutit dans ses eaux tous ces incrédules ; celui-là seul qui avait cru fut sauvé. Et au temps de Loth les hommes ne s’attendaient pas que Dieu leur enverrait cette plaie terrible, jusqu’à ce que le feu et la foudre tombant du ciel les consumèrent tous. Or, ni alors, ni au temps de Noé, il n’y eut aucun signal pour avertir de ce qui devait arriver ; mais lorsque tous étaient occupés à faire des festins, à boire, à s’enivrer, ce fut alors que tout à coup ces horribles maux fondirent sur eux ; il en sera de même de la résurrection, rien ne l’annoncera ; quand nous serons en pleine allégresse, elle arrivera. Voilà pourquoi saint Paul dit : « Lorsqu’ils diront : Nous voici en paix et en sûreté, ils se trouveront surpris tout d’un coup d’une ruine imprévue, comme l’est une femme grosse des douleurs de l’enfantement, sans qu’il leur reste aucun moyen de se sauver ». (1Thes. 5,3) Au reste, la divine Providence l’a ainsi ordonné, afin que nous nous tenions toujours prêts et que nous ne nous croyions pas en sûreté, même lorsque nous ne voyons rien à craindre.
Que répondez-vous ? Vous ne croyez pas qu’il y aura une, résurrection et un jugement ? Les démons mêmes le croient et le confessent hautement, et vous ne le croyez pas ? « Êtes-vous venu ici », disent-ils, « pour nous tourmenter avant le temps ? » (Mt. 8,29) Or, ceux qui disent qu’il y aura des tourments reconnaissent sans doute qu’il y a un jugement,