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des demandes spirituelles qu’il nous est prescrit de faire : « Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons » à ceux « qui nous doivent ». (Id. 12) Dans cette formule de prière que Jésus-Christ, nous a donnée, il n’est question ni de dignités, ni de richesses, ni de gloire, ni de puissance, nous ne demandons que ce qui est utile à l’âme : nous ne demandons rien de terrestre, rien qui ne soit céleste. Puis donc que Dieu nous ordonne de détourner nos yeux des biens de là vie présente, ne serons-nous pas bien malheureux, si nous lui demandons des choses qu’il nous commande de mépriser jusqu’à nous en dépouiller quand nous les avons, afin de nous délivrer de tout soin et de toute inquiétude ; et si nous ne demandons pas, si même nous ne désirons point ce qu’il nous prescrit de lui demander ? C’est là sûrement parler en pure perte : c’est aussi ce qui rend nos prières vaines et infructueuses.
Comment donc, direz-vous, les méchants s’enrichissent-ils ? comment les pécheurs, les scélérats, les voleurs sont-ils dans l’opulence ? Ce n’est point Dieu qui leur donne ces richesses : loin de nous cette pensée ! Mais pourquoi le Seigneur le permet-il ? Il l’a permis à l’égard du riche, pour le réserver à un plus grand supplice. Écoutez ce qu’on lui dit : « Mon fils, vous avez reçu vos biens dans votre vie, et Lazare n’y a eu que des maux. C’est pourquoi il est maintenant dans la consolation, et vous dans les tourments ». (Lc. 16,25) Mais, de peur que cette terrible sentence, nous ne l’entendions aussi prononcer contre nous, nous qui perdons notre vie dans les délices, et qui ajoutons péchés sur péchés ; aimons les véritables richesses, appliquons-nous à la vraie philosophie, afin d’obtenir les biens que Dieu nous a promis : puissions-nous y participer tous, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui la gloire soit au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XLIV.


JÉSUS LEUR RÉPONDIT : EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ JE VOUS LE DIS, VOUS ME CHERCHEZ, NON À CAUSE DES MIRACLES QUE VOUS AVEZ VUS, MAIS PARCE QUE JE VOUS AI DONNÉ DU PAIN À MANGER, ET QUE VOUS AVEZ ÉTÉ RASSASIÉS. – TRAVAILLEZ « POUR AVOIR », NON LA NOURRITURE QUI PÉRIT, MAIS CELLE, QUI DEMEURE POUR LA VIE ÉTERNELLE. (VERS. 26, 27, JUSQU’AU VERS. 37)

ANALYSE.

  • 1. Ne pas s’inquiéter de la nourriture du corps, mais de celle de l’âme ; d’un autre côté, ne pas abuser de ce précepte pour justifier la paresse.
  • 2. Demander à Dieu ce qui convient de lui demander. – Les plaisirs et les afflictions, les biens et les maux de ce monde n’ont rien de réel. – Il ne faut donc ni désirer les uns, ni craindre les autres. – Dans l’autre monde tout est éternel, les supplices et les récompenses. – Belle peinture des biens de la vie présente et de ceux de la vie future.


1. La douceur et la clémence ne sont pas toujours utiles : souvent un maître a besoin d’user de paroles fortes et menaçantes. Par exemple, lorsque son disciple est lent et paresseux, il doit se servir de l’aiguillon pour le réveiller de son engourdissement. Le Fils de Dieu le fait ici et souvent ailleurs. Le peuple, s’approchant de Jésus, le flatte et lui dit : « Maître,