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HOMÉLIE XLII.


JÉSUS S’EN ALLA ENSUITE au-delà DE LA MER DE GALILÉE, QUI EST LE LAC DE TIBÉRIADE. – ET UNE FOULE DE PEUPLE LE SUIVAIT, PARCE QU’ILS VOYAIENT LES MIRACLES QU’IL FAISAIT SUR LES MALADES. – JÉSUS MONTA DONC SUR UNE MONTAGNE, ET S’Y ASSIT AVEC SES DISCIPLES. – OR, LA PÂQUE DES JUIFS APPROCHAIT. VERS. 1, 2, 3, 4, DU CHAP. 6, JUSQU’AU VERS. 15)

ANALYSE.

  • 1. Il est quelquefois bon de se retirer loin de la persécution.
  • 2. Miracle de la multiplication des pains. – Erreur des Marcionites.
  • 3. Avec quel soin Jésus-Christ ménagé l’instruction de ses disciples dans l’opération de ses miracles.

4 Mépriser les dignités humaines et les richesses de la terre. – Les honneurs et les richesses de ce monde n’ont rien de comparable aux honneurs et aux biens que Dieu nous a promis.- La gloire des hommes est servile, pernicieuse, et de peu de durée. – Aimer, non cette gloire passagère, mais la gloire immortelle. – Différence de la servitude du monde et de celle de Jésus-Christ. – Contre les spectacles. – L’argent qu’on y dépense est criminellement employé : de quel supplice n’est-on pas digne, lorsqu’on donne à des femmes de mauvaise vie et à des abominables l’argent qu’on doit distribuer aux pauvres ?
1. Ne tenons point tête aux méchants, mes très-chers frères, mais apprenons à laisser le champ libre à leurs attaques contre nous, autant du moins que nous le pourrons sans compromettre notre vertu ; c’est ainsi qu’on arrête et qu’on rend inutile toute leur fureur. Et comme un dard, s’il choque contre un corps dur et solide, revient avec une grande impétuosité sur celui qui l’a décoché ; et, comme il perd aussitôt sa violence et toute sa force, si, quoique violemment lancé, il ne rencontre rien qui ait de la fermeté et de la résistance : de même les hommes colères et emportés deviennent plus furieux, lorsque nous leur résistons ; et si nous cédons, aussitôt leur fureur s’apaise. Voilà pourquoi Jésus-Christ, lorsque les pharisiens eurent appris qu’il avait à sa suite plus de disciples que Jean et qu’il baptisait plus que lui, s’en alla en Galilée pour étouffer leur jalousie, et par sa retraite il calma la fureur qu’avait sans doute allumée dans leur cœur l’envie qu’ils lui portaient. De retour en Galilée, il ne va point aux mêmes lieux où il avait été auparavant. Il ne vint point à Cana, mais il fut au-delà de la mer. Une grande foule de peuple le suivait pour contempler ses miracles. Quels miracles ? Pourquoi saint Jean ne les raconte-t-il pas ? Parce que cet évangéliste a rempli la plus grande partie de son livre des prédications de Jésus-Christ. En effet, dans l’histoire d’une année entière et même de la fête de Pâques, il ne fait mention d’aucun autre miracle que de la guérison du paralytique et du fils de l’officier ; parce qu’il n’a pas voulu tout rapporter, et certainement il ne l’aurait pas pu ; il s’est donc contenté de rapporter une faible partie des grandes œuvres que Jésus-Christ a opérées.
« Et une grande foule de peuple le suivait », dit-il, « parce qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait ». Ce peuple ne suivait pas Jésus par une foi pure et ferme : il se laissait plutôt entraîner par la curiosité de voir des miracles que par amour pour l’admirable doctrine qu’ils avaient entendu prêcher : ce qui montre une âme grossière ; car, dit l’apôtre : « Les miracles sont, non pour les fidèles, mais pour les infidèles ». (1Cor. 14,22) Mais le peuple, dont parle saint Matthieu, n’était pas de même, écoutez ce qu’il en dit : « Ils étaient tous dans l’admiration de sa doctrine, parce qu’il les instruisait comme ayant autorité ». (Mt. 17,28-29) Pourquoi Jésus monta-t-il sur une montagne et s’y assit-il avec ses disciples ?