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HOMÉLIE XL.


SI JE RENDS TÉMOIGNAGE DE MOI, MON TÉMOIGNAGE N’EST PAS VÉRITABLE. – IL Y EN A UN AUTRE QUI REND TÉMOIGNAGE DE MOI : ET JE SAIS QUE SON TÉMOIGNAGE EST VÉRITABLE. (VERS. 31, 32, JUSQU’AU VERS. 38)

ANALYSE.

  • 1. Explication très-simple et très-satisfaisante d’un texte qui, au premier abord, semble difficile.
  • 2. Témoignage de, Jean en faveur de Jésus-Christ, et témoignage des œuvres de Jésus-Christ.
  • 3. Témoignage de Dieu le Père.
  • 4. Combattre les hérétiques par les saintes Écritures. – L’avarice est la racine de tous les maux : belle peinture des maux que cause ce vice. – Nul ne peut servir deux maîtres : Dieu et les richesses. – De quelle manière il faut faire l’aumône. – Combien le jugement dernier sera rigoureux pour ceux qui ont été inhumains et cruels envers les pauvres.


1. Si un homme ignorant dans l’art de fouiller dans les mines, s’avise d’en ouvrir une et d’y vouloir travailler, au lieu de s’enrichir, il ne fera que tout brouiller au hasard, et son travail sera infructueux, ou plutôt très-nuisible : de même, ceux qui ne connaissent pas l’enchaînement des choses que contiennent les livres sacrés, qui n’examinent point la propriété des paroles et du langage, et n’observent pas les règles, mais qui se contentent de tout parcourir uniformément, ceux-là mêlent l’or avec la terre, et ne trouveront jamais le trésor qu’elle garde en dépôt dans son sein.
Je dis ceci, mes frères, parce que le texte qu’on nous propose est à la vérité tout d’or ; mais cet or, loin d’être apparent, est, au contraire, caché à de grandes profondeurs. C’est pourquoi il faut, en fouillant et en déblayant, tâcher de pénétrer jusqu’au vrai sens. Qui est-ce, en effet, qui ne sera pas sur-le-champ saisi et tout troublé en entendant Jésus-Christ dire : « Si je rends témoignage de moi, mon « témoignage n’est pas véritable ? » En effet, il rend souvent témoignage de lui-même : il a dit à la Samaritaine : « C’est moi-même qui vous parle » (Jn. 6,26) ; il a dit à l’aveugle-né : « C’est celui-là même qui parle à vous » (Jn. 9,37) ; et faisant une réprimande aux Juifs, il leur dit : « Pourquoi dites-vous que je blasphème, parce que j’ai dit que je suis Fils de Dieu ? » (Jn. 10,36), et de même en plusieurs autres endroits. Or, si toutes ces choses étaient des mensonges, quelle espérance pourrions-nous avoir de nous sauver ? où donc trouverons-nous la vérité, puisque celui qui est la vérité même, dit : « Mon témoignage n’est pas véritable ? » Et ce n’est pas seulement ce texte qui semble en contradiction avec le précédent ; il y en a un autre encore qui ne le paraît pas moins. Jésus-Christ dit, dans la suite : « Quoique je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est véritable ». (Jn. 8,24) Lequel donc de ces deux textes recevrai-je ? Lequel des deux croirai-je aux ? Si nous les admettons indifféremment sans examiner quelle est la personne qui parle, quel est le sujet, et toutes les autres circonstances, ils se trouveront faux l’un et l’autre. Si le témoignage de Jésus-Christ n’est pas véritable, ceci ne l’est pas non plus ; et le premier texte, pas plus que le second.
Quel est donc ici le sens ? Nous avons besoin de beaucoup de vigilance et d’attention, ou plutôt de la grâce de Dieu, pour ne pas nous arrêter à l’écorce et à la lettre toute nue. C’est ainsi que se trompent les hérétiques, faute d’examiner quel est le but, quelle est l’intention de celui qui parle ; et aussi quel est l’esprit, quelles sont les dispositions de ceux à qui