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De même Jésus-Christ a dit à Nicodème « Celui qui croit au Fils n’est pas condamné : mais celui qui ne croit pas est déjà condamné ». (Id. 18) De même, ici encore, il fait mention et du jugement et du supplice auquel seront condamnés ceux qui auront fait le mal. Comme il avait dit auparavant : « Celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, n’est point jugé[1]», de peur qu’on ne crût qu’il suffisait de croire pour être sauvé, il ajoute qu’on rendra compte de la vie : ceux qui auront fait de bonnes œuvres ; ressusciteront pour la vie : ceux qui en auront fait de mauvaises, ressusciteront pour, être condamnés. Comme donc il avait dit que tout le monde lui rendrait compte, et qu’à sa voix tous ressusciteraient, vérité jusqu’alors certainement inconnue, à laquelle on ne s’attendait, pas, à laquelle encore aujourd’hui plusieurs ne croient point, même parmi ceux qui semblent y croire, et à plus forte raison les Juifs de ce temps : comme donc Jésus-Christ avait dit que tous lui rendraient compte, que, tous ressusciteraient, écoutez et observez de quelle manière il l’annonce pour s’accommoder à la faiblesse de ses auditeurs : « Je ne puis », dit-il, « rien faire de moi-même, je juge selon ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé (30) ». Toutefois il n’avait pas donné une faible preuve de la résurrection, lorsqu’il guérit le paralytique. C’est pourquoi il n’en, a parlé qu’après avoir opéré cette guérison, qui ne différait pas beaucoup d’une résurrection : Quant au jugement, il y a fait allusion après avoir rétabli le corps du paralytique, en disant : « Vous voyez que vous êtes guéri, ne, péchez plus à l’avenir, de peur qu’il ne vous arrive quelque chose de pire ». (Jn. 5,14) Cependant il prédit, et la résurrection particulière de Lazare, et la résurrection générale. Et ayant prédit ces deux résurrections, celle de Lazare qui devait bientôt arriver, et celle de tous les hommes qui ne devait arriver que très-longtemps après, il confirme la proximité de la première par la guérison du paralytique, en disant : « L’heure vient, et elle est déjà venue », et il annonce la résurrection générale par celle de Lazare, exposant aux yeux des hommes une image des choses à venir dans celles qui se sont déjà passées. Nous le voyons agir ainsi constamment : lorsqu’il fait deux ou trois prédictions ; celle dont l’événement est le plus éloigné, il la persuade par ce qui est déjà arrivé.
4. Jésus-Christ, connaissant donc que les Juifs étaient extrêmement faibles et grossiers, ne s’est point contenté des premières instructions qu’il leur avait déjà données, ni des premières œuvres qu’il avait opérées devant eux ; mais, pour vaincre leur obstination et leur dureté, il ajoute à cela de nouvelles paroles, et dit : « Je ne puis rien faire de moi-même : Je juge selon ce que j’entends, et mon jugement est juste ; parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé ». Mais sa doctrine devait paraître nouvelle, étrangère, différente de celle que les prophètes avaient enseignée ; car les prophètes disaient que c’est Dieu qui juge toute la terre, c’est-à-dire le genre humain : David le publie partout : « Il jugera », dit-il, « les peuples dans l’équité » (Ps. 95,12) ; et « Dieu est un juge » également « juste, fort et patient » (Ps. 7,12) ; tous les prophètes et Moïse le déclarent de même. Jésus-Christ, au contraire, disait : « Le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils tout pouvoir de juger ». Comme donc cette doctrine pouvait troubler le Juif qui l’entendait, et le porter à soupçonner Jésus d’être contraire à Dieu, voilà, dis-je, pourquoi il se rabaisse si fort, c’est-à-dire autant que le demandait leur faiblesse, afin d’arracher jusqu’à la racine ce pernicieux soupçon de leur esprit ; voilà pourquoi il dit : « Je ne puis, rien, faire de moi-même » ; c’est-à-dire, vous ne me verrez rien faire, ou vous ne m’entendrez rien dire qui soit contraire à la volonté du Père, qui soit différent de ce qu’il veut. De plus, comme il a dit auparavant qu’il était le Fils de l’homme et montré que les Juifs le prenaient pour un homme pur et simple, il fait de même en cet endroit. Comme donc encore, lorsqu’il dit ci-dessus : « Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu » (Jn. 3,11) ; et saint Jean : « Il rend témoignage de ce qu’il a vu, et personne ne reçoit son témoignage » (Id. 32) ; il parle d’une connaissance certaine et intime du Père à l’égard du Fils, et du Fils à l’égard du Père, et non pas simplement de celle qu’on acquiert par l’ouïe et par la vue ; de même ici, par l’ouïe il n’entend autre chose, sinon qu’il ne peut faire

  1. i e. Condamné.