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lui était nécessaire de savoir. Que pourrait-on imaginer de plus absurde qu’une pareille idée ? Que veulent donc dire ces paroles ? Le voici : Comme, après avoir guéri le paralytique d’une manière si éclatante, il devait ressusciter un mort, il use de ces expressions comme pour dire : Vous êtes remplis d’admiration : de m’avoir vu guérir sur-le-champ un paralytique, vous verrez des œuvres encore plus grandes que celles-ci. Néanmoins, il n’a pas si clairement expliqué sa pensée, mais il l’a enveloppée d’expressions plus simples et plus grossières, pour apaiser la fureur des Juifs.
Mais, pour connaître que ce mot : « Il lui montrera », ne doit pas se prendre à la lettre, voyez ce qui suit : « Car, comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut ». Or ces paroles : « il ne peut rien faire de lui-même », sont contraires à celles-ci : « A qui il veut ». Car, s’il donne la vie à qui il veut, il peut faire quelque chose de lui-même. En effet, le vouloir suppose le pouvoir. Et s’il né peut rien faire de lui-même, il ne donne donc pas la vie à qui il lui plaît ; ce mot : « Comme le Père ressuscite », prouve une égale vertu ; et celui-ci : « A qui il veut », montre un pouvoir égal. Par où vous voyez que ces paroles : « Il ne peut rien faire de lui-même », loin de rien ôter à son pouvoir, marquent, au contraire, une puissance égale et une même volonté. Ce mot : « Il lui montrera », entendez-le de même. Car le Fils dit ailleurs : « Je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn. 6,40) Et encore, pour montrer que cette vertu, que ce pouvoir d’agir, il ne l’a pas reçu, il dit : « Je suis la résurrection et la vie ». (Jn. 11,25) Ensuite, afin que vous ne disiez pas qu’il ressuscite les morts et qu’il donne la vie à qui il lui plaît, mais que les autres choses, il ne les fait pas de même, il prévient l’objection et la résout par ces paroles : « Tout ce que le Père fait, le Fils le fait aussi comme lui », déclarant que tout ce que le Père fait, il le fait aussi comme lui, savoir, qu’il ressuscite les morts, qu’il forme les corps, leur rend la vie, qu’il remet les péchés, et qu’il fait toutes les autres choses de même que le Père les fait.
5. Mais ceux qui négligent leur salut ne font nulle attention à ces choses, tant est grand le marque produit l’amour de la domination. C’est lui qui a enfanté les hérésies ; c’est lui qui a établi l’idolâtrie des gentils. Dieu voulait que ses perfections invisibles devinssent visibles par la création du monde (Rom. 1,20) ; mais les gentils ont fermé les yeux à la lumière, ils ont rejeté cette doctrine et se sont eux-mêmes frayé un autre chemin ; voilà pourquoi ils se sont égarés de la droite voie. Les Juifs n’ont point cru, parce qu’ils ont, aspiré à la gloire qui dent des hommes, et qu’ils n’ont point recherché celle qui vient de Dieu. (Jn. 5,44) Mais nous, mes très-chers frères, fuyons cette passion avec un très-grand soin, et de toutes nos forces. Eussions-nous fait une infinité de belles actions et de bonnes œuvres, le venin de la vaine gloire les gâtera toutes. Si nous avons donc en vue les louanges, recherchons celles qui viennent de Dieu. La louange des hommes, de quelque nature qu’elle soit, s’évanouit aussitôt qu’elle paraît ; et quand même elle ne s’évanouirait pas, sûrement elle ne nous procurerait aucun avantage ; d’ailleurs, souvent elle vient d’un jugement corrompu. Qu’a-t-elle de si admirable, la gloire humaine, cette gloire dont jouissent de jeunes danseurs, des femmes impudiques, des avares, des voleurs ? Mais celui que Dieu loue est admiré, non avec ces sortes de gens, mais avec les saints ; savoir avec les prophètes et les apôtres, avec les hommes qui ont mené une vie angélique. Que si nous aimons à amasser la foule autour de nous et à nous faire regarder, examinons bien ce que c’est que cela, et nous trouverons que rien n’est plus vil ni plus méprisable. En un mot, si vous, aimez la foule, attirez à vous une grande troupe d’anges, rendez-vous redoutables aux démons ; par là, vous ne ferez nul cas des hommes ; par là, vous foulerez même aux pieds, comme de la fange et de la boue, tout ce qui paraît briller, et vous connaîtrez clairement alors que rien n’avilit tant l’âme que l’amour de la gloire.
Non, certes, non, il ne se peut pas – que l’amateur de la vaine gloire ne traîne une vie pleine d’amertumes, de même qu’il est impossible que celui qui la méprise, ne foule aux pieds une infinité de vices. Celui qui est victorieux de la vaine gloire, vaincra aussi l’envie, l’amour des richesses et les autres maladies les plus cruelles. Et comment, direz-vous, la vaincrons-nous ? Nous en triompherons si, dans tout ce que nous faisons, nous avons l’autre gloire en vue, je veux dire la gloire céleste, dont celle-ci s’efforce de nous chasser. C’est