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HOMÉLIE LXXXI.


« OR, LE PREMIER JOUR DES AZYMES, LES DISCIPLES VINRENT TROUVER JÉSUS, ET LUI DIRENT : OU VOULEZ-VOUS QUE NOUS VOUS PRÉPARIONS A MANGER LA PÂQUE ? JÉSUS LEUR RÉPONDIT : ALLEZ-VOUS-EN DANS LA VILLE, CHEZ UN TEL, ET LUI DITES : NOTRE MAÎTRE VOUS ENVOIE DIRE : MON TEMPS EST PROCHE JE VIENS FAIRE LA PÂQUE CHEZ VOUS AVEC MES DISCIPLES. LES DISCIPLES FIRENT CE QUE JÉSUS-CHRIST LEUR AVAIT COMMANDÉ, ET PRÉPARÈRENT LA PÂQUE ». (CHAP. XXVI 17, 18, 19, JUSQU’AU VERSET 26)

ANALYSE.

  • 1. Détermination précise du jour désigné dans l’Évangile par ces mots : Le premier des azymes.
  • 2. La douceur que Jésus témoigne envers celui qui le trahit doit être pour nous une leçon qui nous apprenne à apaiser les mouvements de notre colère. – Énormité du crime de Judas. – Que personne n’est mauvais par nécessité.
  • 3-5. Détestable influence que l’amour de l’argent exerce sur l’âme qu’il possède. – Excellente description de l’avarice. – Le Saint compare l’avare avec un possédé. – De quelle importance il est d’étouffer d’abord toutes les passions qui sont propres à chaque âge.


1. L’Évangéliste appelle « le premier jour des azymes », celui qui précédait cette fête. Car les Juifs avaient coutume de compter les jours à partir du soir. C’est ainsi que l’Évangile commence à compter celui-ci dès le soir précédent, auquel on devait immoler la Pâque.
Les disciples viennent donc trouver Jésus-Christ le cinquième jour de la semaine, que l’un des Évangélistes appelle le premier avant les jours sans levain, marquant par là le jour auquel les disciples vinrent parler à Jésus-Christ, de ce qu’il tiendrait prêt pour faire la Pâque. Un autre Évangéliste dit : « Le jour des e azymes était venu, auquel il fallait immoler la Pâque » (Lc. 22,1) ; nous faisant voir par ce terme, « était venu », que ce jour était proche, c’est-à-dire qu’on était au soir de la veille de ce jour. Et c’était alors que la fête commençait. C’est pourquoi tous les Évangélistes ajoutent : « auquel il fallait immoler la Pâque ». Les disciples s’approchent donc de Jésus-Christ et lui disent : « Où voulez-vous que nous vous préparions à manger la Pâque » ?
Il paraît, par ces paroles, que Jésus n’avait aucune maison ni aucun lieu où il pût se retirer, et je crois même que ses disciples n’en avaient point, puisqu’apparemment s’ils en avaient eu, ils l’auraient prié d’y venir. Mais ils avaient tout quitté pour suivre Jésus-Christ leur maître. Mais pourquoi le Sauveur célébrait-il la Pâque ? Pour nous faire voir, jusqu’au dernier jour de sa vie, qu’il n’était point contraire à la Loi. Il les envoie chez un inconnu pour faire voir à ses disciples, par cette action d’autorité, qu’il lui eût été facile d’éviter tous les tourments qu’il allait souffrir. Car s’il avait assez de puissance pour persuader d’une parole à un homme qui ne le connaissait pas de le recevoir chez lui, que n’eût-il point fait à l’égard de ceux qui le crucifiaient, s’il n’eût désiré lui-même de souffrir la mort ?
Il use ici de la même conduite qu’il avait gardée à l’égard du maître de l’ânesse, dont il se servit pour son entrée à Jérusalem : « Si quelqu’un vous dit quelque chose, dites que le Maître en a besoin ». Et il fait dire ici : « Le Maître vous envoie dire : Je viens faire la Pâque chez vous avec mes disciples ». C’est pourquoi je vous avoue que j’admire cet homme, non seulement parce qu’il fit cette action de charité à l’égard d’un inconnu, mais encore beaucoup plus parce qu’il voyait à quoi