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qu’il ne montrait point, mais qu’il promettait avec beaucoup de vanité et d’ostentation. La Samaritaine au contraire écoute avec persévérance, jusqu’à ce qu’elle trouve ce qu’elle cherche.
5. Mais si cette femme samaritaine a du zèle et de l’empressement pour s’instruire, si elle s’assied auprès de Jésus-Christ qu’elle ne tonnait pas, quel pardon espérons-nous, nous qui le connaissons, qui ne sommes pas assis sur un puits, ni dans un lieu désert, ni exposés aux chaleurs du midi et aux brûlants rayons du soleil, mais qui, à la fraîcheur du matin, à l’ombre de ce toit, étant fort commodément et à notre aise, écoutons impatiemment ta parole de Dieu et languissons dans notre lâcheté et notre paresse ? Non, la Samaritaine ne fait pas de même, elle est si attentive à ce que lui dit Jésus, qu’elle appelle, qu’elle invite même les autres à venir l’entendre. Mais les Juifs, non seulement n’appelaient pas les autres, mais même, s’ils voulaient venir à Jésus, ils les en détournaient ; c’est pourquoi ils disaient : « Y a-t-il quelqu’un des sénateurs qui croie en a lui ? Car pour cette populace qui ne sait ce a que c’est que la loi, ce sont des gens maudits de Dieu ». (Jn. 7,38,49)
Imitons donc la Samaritaine : entretenons-nous avec Jésus-Christ ; maintenant encore il est au milieu de nous, il nous parle par les prophètes et par ses disciples. Écoutons-le donc et soyons obéissants à sa voix. Jusques à quand mènerons-nous une vie oisive et inutile ?, Car faire ce qui n’est point agréable à Dieu, c’est vivre inutilement, ou plutôt ce n’est pas seulement vivre inutilement, mais c’est encore vivre pour sa perte. En effet, si nous perdons le temps qui nous a été donné en l’employant à des choses tout à fait inutiles, nous sortirons de ce monde pour être punis de l’avoir mal et inutilement employé. Puisque celui qui a consommé et dévoré l’argent qui lui avait été donné pour le faire profiter, en rendra compte à son maître qui le lui avait confié (Mt. 25 ; Lc. 19) ; sûrement celui qui passe sa vie à des inutilités, ne sera pas exempt du supplice. Non certes, Dieu ne nous a pas fait naître, ne nous a pas mis en ce monde et ne nous a pas donné une âme seulement pour jouir de cette vie, mais afin d’y travailler et d’y faire du profit pour la vie future. Les bêtes n’ont que l’usage de la vie présente, mais nous, nous n’avons une âme immortelle qu’afin que nous fassions tous nos efforts pour acquérir cette vie future.
Si quelqu’un demande à quel usage sont destinés les chevaux, les ânes, les bœufs et les autres animaux de la même espèce ? A nul autre, dirons-nous, qu’à nous servir en cette vie ; mais à notre égard il n’en est pas de même : nous attendons un sort plus heureux, nous serons dans une meilleure vie quand nous serons sortis de celle-ci ; et il n’est rien que nous ne devions faire pour nous y rendre illustres et nous mêler au chœur des anges, pour « être éternellement et dans tous les siècles des siècles en la présence du Roi. C’est pourquoi notre âme est immortelle et nos corps seront immortels, afin que nous jouissions des biens éternels. Mais si les cieux, vous étant destinés et préparés pour vous, vous vous attachez à la terre, quelle injure, quel outrage ne faites-vous pas à celui qui vous les veut donner ? C’est à quoi vous devez penser. Dieu vous présente les cieux, et vous, n’en faisant pas un grand cas, vous leur préférez la terre. Voilà pourquoi, méprisé par vous, il vous a menacés de l’enfer ; il veut vous apprendre combien sont grands les biens dont vous vous privez. Mais à Dieu ne plaise que nous tombions dans ce lieu de supplice l que plutôt, nous rendant agréables au Seigneur, nous possédions les biens éternels, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire soit au Père et au Saint-Esprit, dans tous les siècle, des siècles. Ainsi soit-il.