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rampe à terre et que je suis né sur la terre. Le Christ, au contraire, nous est venu d’en haut.
Enfin Jean-Baptiste ayant guéri, par tous ces discours, la maladie de ses disciples, parle ensuite de Jésus-Christ avec plus d’assurance ; en parler auparavant, t’eût été jeter ses paroles en l’air et les prodiguer en pure perte, puisqu’elles n’auraient point trouvé d’entrée dans l’esprit de ses disciples. Mais après qu’il a arraché les épines, alors il sème avec confiance en disant : « Celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous. Et il rend témoignage de ce qu’il a vu et de ce qu’il a entendu, et personne ne reçoit son témoignage (32) ». Jean après avoir parlé de Jésus-Christ en termes sublimes, baisse ensuite le ton ; car ce mot : « Ce qu’il a entendu et ce qu’il a vu », appartient au langage des hommes. Ce que Jésus-Christ savait, il ne l’avait point appris par la vue ni par l’ouïe, mais il le tenait de sa propre nature ; étant sorti parfait du sein de son Père, il n’avait pas besoin de maître ainsi qu’il le dit lui-même : « Comme mon Père me connaît, je connais mon Père ». (Jn. 10,15) Que signifie donc ceci : « Il dit ce qu’il a entendu, et il rend témoignage de ce qu’il a vu ? » Comme c’est par ces sens que nous apprenons parfaitement toutes choses, et qu’on nous regarde comme des maîtres dignes de foi sur les choses, que nous avons ou vues ou entendues, parce qu’alors on est persuadé que nous n’inventons point et que nous ne disons rien de faux ; c’est pour se conformer à notre usage que Jean-Baptiste a dit : « Jésus-Christ rend témoignage de ce qu’il a entendu et de ce qu’il a vu », pour faire voir qu’il n’y a point en lui de mensonge et qu’il ne dit rien que de vrai. Ainsi, souvent nous-mêmes, nous avons la curiosité d’interroger celui qui nous raconte quelque chose, et de lui dire : l’avez-vous vu, l’avez-vous entendu vous-même ? S’il l’assure, nous regardons alors son témoignage comme véritable. Ainsi Jésus-Christ dit : « Je juge selon ce que j’entends » (Jn. 5,30) ; et : « Je ne dis que ce que j’ai appris de mon Père » (Jn. 8,26) ; et : « Nous rendons témoignage de ce que nous avons vu » (Jn. 3,11), et plusieurs autres choses semblables, non pour nous faire entendre que ce qu’il dit il l’a appris (le croire serait le comble de la démence) ; mais de peur que les Juifs n’eussent l’insolence de regarder comme suspect aucune de ses paroles ; car, attendu qu’ils n’avaient pas encore de lui l’opinion qu’ils devaient avoir, il s’autorise souvent de son Père pour persuader ce qu’il dit.
2. Mais pourquoi s’étonner qu’il cite le témoignage de son Père, puisque souvent il a recours aux prophètes et aux Écritures, comme lorsqu’il dit : « Ce sont elles qui rendent témoignage de moi ? » (Jn. 10, 39) Il emprunte le témoignage des prophètes, dirons-nous pour cela qu’il est au-dessous d’eux ? A Dieu ne plaise ! Il se proportionne à la faiblesse de ses auditeurs. Il dit qu’il rapporte ce qu’il a appris de son Père, non qu’il ait besoin d’un docteur, mais afin de prouver qu’il ne dit rien de faux. Ainsi ce que dit Jean-Baptiste, vous devez l’expliquer de cette manière : j’ai besoin de ses leçons, puisqu’il est venu du ciel et qu’il nous apporte une doctrine céleste, que lui seul entend parfaitement. Car voilà ce que signifie ce mot : Il a entendu et il a vu. « Et personne ne reçoit son témoignage ». Mais il a eu des disciples, et plusieurs écoutaient assidûment sa parole ; pourquoi donc dit-il : « Personne ne reçoit ? » c’est-à-dire : Il y en a peu qui le reçoivent. S’il avait voulu dire : « Personne », pourquoi aurait-il ajouté : « Celui qui a reçu son témoignage a attesté que Dieu est véritable (33) ? » Ici Jean-Baptiste reproche à ses disciples leur peu de foi en Jésus-Christ : en effet, par ce qui suit on voit clairement qu’ils ne crurent pas même après ces paroles. Voilà pourquoi étant en prison, il les envoya à Jésus, afin de les lui mieux attacher. Et alors néanmoins ils ne crurent pas encore tout à fait en lui, comme Jésus-Christ le fait connaître par ces paroles : « Heureux celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute ! » (Mt. 11,6) Jean-Baptiste n’a donc point eu d’autre raison de dire : « Et personne ne reçoit son témoignage », que dans l’intention d’instruire ses disciples ; c’est comme s’il disait quoiqu’il y en ait peu qui doivent croire en lui, ne pensez pas que ce qu’il dit ne soit pas véritable, car il rend témoignage de ce qu’il a vu. Au reste, il le dit aussi pour censurer l’aveuglement des Juifs, de même qu’au commencement de son évangile, saint Jean les réprimande en disant : « Il est venu chez soi, et les siens ne l’ont point reçu » (Jn. 1,11) : par la faute, non de celui qui est venu, mais de ceux qui ne l’ont pas voulu recevoir : « Celui