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œuvres ; mais, qu’ayant cru, ils ne seront pas punis comme infidèles.
2. Ne voyez-vous pas, mes frères, que Jésus-Christ, qui a commencé son discours par des choses étonnantes et terribles, y revient encore ici. Au commencement il avait dit : « Si un homme ne naît de l’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » ; il dit maintenant : « Celui qui ne croit pas en moi est déjà condamné » ; c’est-à-dire, ne croyez pas que le retardement du supplice soit favorable au pécheur, s’il ne change de vie : car il n’y aura point de différence entre celui qui n’aura pas cru, et ceux qui sont déjà condamnés et punis.
« Et le sujet de cette condamnation est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière (19) » ; c’est-à-dire, ils sont punis, parce qu’ils n’ont pas voulu sortir des ténèbres et accourir à la lumière : par ces paroles il leur ôte toute excuse. Si j’étais venu, dit-il, pour leur faire rendre compte et les punir, ils pourraient dire : c’est pour cela même que nous nous sommes éloignés de vous. Mais je suis venu pour les tirer des ténèbres et les amener vers la lumière. Qui donc aura pitié d’un homme qui refuse de passer des ténèbres à la lumière ? En effet, dit-il, ils n’ont aucun reproche à nous faire, ils ont reçu de nous mille bienfaits, et ils nous fuient, et ils s’éloignent de nous. Jésus-Christ, les accusant encore de cette même conduite, disait : « Ils m’ont haï sans aucun sujet » (Ps. 84, 22) ; et ailleurs : « Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point le péché » (Jn. 15,22) qu’ils ont : car celui qui, en l’absence de la lumière, reste dans les ténèbres, est en quelque sorte digne d’excuse et de pardon ; mais celui qui, après que la lumière est venue, se tient dans les ténèbres, montre visiblement sa mauvaise volonté et son obstination. Et comme il devait paraître incroyable à plusieurs qu’il y eût des hommes capables de préférer les ténèbres à la lumière ; contre le sentiment général, l’évangéliste nous découvre la raison de cette méchante disposition. Quelle est-elle ? C’est, dit-il, « parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal hait la lumière et ne s’approche point de la lumière, de peur que ses œuvres ne soient condamnées (20) ». Et cependant Jésus-Christ n’est pas venu pour juger ni pour demander compte, mais pour remettre et pardonner les péchés, et pour sauver par la foi.
Pourquoi se sont-ils donc éloignés ? Si Jésus-Christ s’était assis dans son tribunal pour les juger, ils auraient eu une espèce d’excuse celui qui se sent coupable de crimes, fuit ordinairement son juge ; mais si le juge accorde le pardon, tous les criminels s’approchent de lui. Puis donc que Jésus-Christ est venu pardonner les péchés, ceux qui se sentaient le plus coupable étaient aussi ceux qui devaient accourir à lui avec le plus d’empressement ; plusieurs même l’ont fait : car les publicains et les pécheurs venant trouver Jésus, mangeaient avec lui. De qui veut donc parler Jésus-Christ ? De ceux qui avaient tout à fait résolu de persévérer dans, leur méchanceté. En effet, il est venu pour remettre les péchés passés et pour affermir et fortifier ceux qui prenaient la résolution de ne plus pécher à l’avenir'; mais comme il y a des hommes assez mous et assez lâches, quand il s’agit de la vertu et des peines qu’elle exige, pour persister obstinément dans leurs péchés jusqu’au dernier soufflé de vie, ce sont ceux-là qu’il veut censurer ici.
Le christianisme demande à ses disciples qu’ils joignent la bonne vie à la pureté de la doctrine. Ces gens craignent de nous approcher, dit Jésus, parce qu’ils ne veulent pas vivre dans la pureté et dans la sainteté. Personne ne reprend', ceux qui vivent dans (erreur des gentils, à cause de leurs excès : ceux qui adorent les dieux du paganisme, et célèbrent des fêtes aussi, infâmes, aussi ridicules que le sont leurs dieux mêmes, ont une conduite digne de la doctrine qu’ils professent mais ceux qui adorent Dieu, s’ils sont des lâches, s’ils vivent mal ; il n’est personne qui ne leur adresse des réprimandes et des reproches : tant la vérité est en admiration, même parmi ses ennemis.
Considérez donc, mes frères, avec quelle exactitude et quelle précision Jésus-Christ parle : il ne dit pas : celui qui fait le mal ne s’approche point de la lumière, mais celui qui persévère dans le mal ; en d’autres termes, celui qui se plaît à se vautrer toujours dans la boue du péché, ne veut point se soumettre à mes lois : il se tient à l’écart, pour se livrer librement à la volupté et faire toutes les autres choses que je défends ; S’il s’approchait de