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dans l’eau pour me rafraîchir la langue qui est toute en feu ». (Lc. 16,24) Si ici nous le recevons chez nous, là il nous préparera plusieurs demeures. Si nous allons le visiter, lorsqu’il est en prison, il nous délivrera, lui aussi, des liens. Si nous exerçons l’hospitalité envers lui, il ne souffrira pas que nous restions étrangers au royaume des cieux ; mais il nous fera citoyens de la cité d’en haut. Si nous allons le voir quand il est malade, il nous guérira sur-le-champ de nos infirmités. Ainsi donc, puisqu’il suffit de donner peu pour recevoir beaucoup, donnons quoi que ce soit, afin d’être amplement rémunérés ; pendant que nous en avons encore le temps, semons pour moissonner un jour. Lorsque l’hiver sera arrivé, lorsque la mer ne sera plus navigable, il ne sera plus alors en notre pouvoir de commercer.
Et quand aurons-nous l’hiver ? lorsque le grand jour, le jour plein de lumière sera arrivé. Alors nous ne naviguerons plus sur cette grande et vaste mer de la vie présente. Maintenant c’est le temps de semer, alors ce sera le temps de faire la moisson et d’amasser. Si l’on ne sème pas pendant les semailles, et si, au temps de la moisson, on sème, outre qu’on ne récolte rien, on se rend ridicule. Si c’est le temps de semer, il ne faut donc pas chercher maintenant à recueillir, mais il faut semer. En conséquence, répandons pour amasser ensuite ; ne nous attachons pas maintenant à recueillir, de peur que noirs ne perdions notre moisson : le temps présent, comme j’ai dit, nous appelle à semer et à répandre, et non lias à amasser ni à faire des provisions. C’est pourquoi ne perdons pas l’occasion, mais jetons copieusement la semence, et n’épargnons rien de ce qui est chez nous, afin de recouvrer tout avec usure, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui soit la gloire, au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXVI.


CE QUI EST DE LA CHAIR, EST CHAIR, ET CE QUI EST NÉ DE L’ESPRIT, EST ESPRIT. (VERSET 6, JUSQU’AU VERSET 11)

ANALYSE.

  • 1. De la renaissance spirituelle, ses caractères.
  • 2. Le vent souffle où il veut. – La régénération spirituelle préfigurée et prédite.
  • 3. Nous rendons témoignage de ce que nous avons vu. – Persuader par la douceur. – Ne se mettre pas en colère. – Fuir les crieries. – Description de la colère, ses effets. – Celui qui dit des injures fait une action honteuse : celui qui les souffre patiemment est un vrai philosophe. – Les serviteurs sont de même nature que les maîtres, les maîtres ne doivent pas les injurier. – Ce qu’ils font par crainte de leurs maîtres, les maîtres le doivent faire par la crainte de Dieu.


1. Le Fils unique de Dieu a eu la bonté de nous initier à de grands mystères : oui, certes, ils sont grands ces mystères, et nous n’en étions pas dignes : mais il était de sa grandeur et de sa dignité de nous les communiquer. Que si l’on considère notre mérite, non seulement nous étions indignes de ce bienfait, mais nous méritions sa vengeance et une sévère punition. C’est à quoi néanmoins il n’a point regardé : il ne nous a pas seulement délivrés du supplice, il nous a encore donné une vie bien plus noble que la première, il nous a introduits dans un autre monde, il a formé une nouvelle créature : « Si quelqu’un appartient