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le vieil homme est enseveli et entièrement noyé ; quand nous sortons ensuite de cette eau, le nouvel homme ressuscite[1]. Comme il nous est facile de nous plonger dans cette eau et d’en sortir ensuite, il est de même facile à Dieu d’ensevelir le vieil homme et d’en former un nouveau. Cette immersion se fait par trois fois, pour nous apprendre que – c’est la vertu du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, qui opère toutes ces choses. Mais pour vous persuader que ce n’est pas par conjecture que nous disons ceci, écoutez ce que dit saint Paul « Nous avons été ensevelis avec lui », avec Jésus-Christ, « par le baptême, pour mourir » au péché (Rom. 6,4) ; et ensuite : « Notre vieil homme a été crucifié avec lui » (Rom. 6,6) ; et encore : « Nous sommes entrés avec lui, par la ressemblance de sa mort ». (Rom. 6,5) Or, non seulement le baptême est appelé une croix, mais la : croix aussi est appelée un baptême : « Vous serez baptisés », dit Jésus-Christ, « du baptême dont je dois être baptisé » (Mc. 10,39) ; et ailleurs : « Je dois être baptisé d’un baptême que vous ne connaissez pas[2] ». Car comme il nous est facile d’être baptisés et de sortir de l’eau, de même, Jésus-Christ étant mort, est ressuscité lorsqu’il l’a voulu, ou plutôt beaucoup plus facilement encore que nous ne sortons de l’eau, quoique par une sage et mystérieuse dispensation, il soit demeuré trois jours dans le tombeau.
3. Ayant donc reçu la grâce de participer à de si grands mystères, menons une vie qui soit digne d’un don si singulier ; que toute notre conduite soit parfaitement bien réglée ; mais vous, qui n’en avez pas encore été jugés dignes, faites tous vos efforts pour le devenir, afin que nous ne soyons tous qu’un seul corps, afin que nous soyons tous frères. Tant que nous sommes ainsi séparés, celui qui est séparé, fût-il notre père, ou notre fils, ou notre frère, quel qu’il soit enfin, il n’est point encore véritablement notre parent, puisqu’il n’a point de part à l’alliance qui vient d’en haut. En effet, quelle utilité peut-il revenir d’une union de boue, si l’on n’est point spirituellement uni ? Quel gain retirera-t-on d’une parenté terrestre, étant étrangers à l’égard du ciel ?
Le catéchumène est un étranger à l’égard d’un fidèle : il n’a ni le même chef, ni le même père, ni la même cité, ni la même nourriture, ni le même vêtement, ni la même table ; mais tout est séparé. Tout ce que possède celui-là est sur la terre : tout ce que possède celui-ci est dans le ciel ; Jésus-Christ est le roi de celui-ci, l’autre a pour rois le péché et le diable ; Jésus-Christ fait les délices de l’un ; la corruption, de l’autre. L’ouvrage des vers est le vêtement de celui-là ; le vêtement de celui-ci, c’est le Seigneur des anges. Le ciel est la cité de l’un, la terre l’est de l’autre. Puis donc qu’il n’y a rien de commun entre nous, en quoi, je vous prie, communiquerons-nous ? Mais, direz-vous, nous avons tous une même naissance, nous sortons tous du sein d’une même terre ? Je vous répondrai : mais cela ne suffit pas pour faire une véritable et légitime alliance. Travaillons donc à devenir citoyens de la cité du ciel. Jusques à quand demeurerons-nous dans notre exil, nous qui devrions faire tous nos efforts pour rentrer dans notre ancienne patrie ? La perte que nous risquons de faire n’est ni légère, ni de vil prix. Le Seigneur veuille bien nous en préserver ! mais si une mort imprévue venait à nous enlever de ce monde, avant d’avoir reçu le baptême, fussions-nous chargés de mille biens, de toute sorte de bonnes œuvres, nous n’aurions pour partage que l’enfer, et un ver venimeux ; qu’un feu qui ne s’éteint point, et des liens indissolubles.
Mais, à Dieu ne plaise qu’aucun de mes auditeurs tombe dans ce lieu de supplices ! Nous l’éviterons si, après avoir été initiés aux saints mystères, nous mettons au fondement de l’édifice du salut notre or, notre argent et nos pierres précieuses. C’est ainsi qu’en l’autre monde nous pourrons nous trouver riches, si nous n’avons pas laissé ici notre argent, et si nous l’avons envoyé là-haut, par les mains des pauvres, au trésor inviolable, si nous l’avons prêté à Jésus-Christ. Nous avons contracté de grandes dettes envers ce trésor, non en argent, mais par nos péchés. Prêtons donc notre argent à Jésus-Christ, afin d’obtenir la rémission de nos péchés ; c’est lui qui est notre juge. Ne le méprisons pas ici lorsqu’il a faim, afin que là il nous nourrisse : ici habillons-le, afin que là il ne nous laisse pas nus, en nous privatif de sa protection. Si nous lui donnons à boire ici, nous ne dirons pas avec le riche : « Envoyez Lazare, afin qu’il trempe le bout de son doigt

  1. Le saint Docteur fait allusion à la manière de baptiser de son temps par trois immersions. On plongeait l’homme entièrement dans l’eau, et cette action représentait assez bien un homme qui descend dans le tombeau, et qui disparaît aux yeux des hommes, etc.
  2. Je n’ai point trouvé ce passage. C’est toujours une juste allusion aux paroles de Jésus-Christ.