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que ces enfants, lorsque nous pleurons pour mille choses qui ne nous devraient être qu’un sujet de rire.
Je vous conjure donc, mes frères, de quitter toutes ces pensées d’enfants, et de travailler à vous rendre dignes du ciel où vous aspirez. Jésus-Christ veut que nous soyons des hommes parfaits. C’est à quoi saint Paul nous exhorte aussi, lorsqu’il dit : « Mes frères, n’ayez point un esprit d’enfants, mais soyez sans malice comme des enfants, et ayez un esprit d’hommes ». (1Cor. 34,20) Allions donc la simplicité des enfants avec la sagesse des hommes de Dieu. Fuyons les inimitiés, et soyons ardents à aimer nos frères pour jouir un jour de la gloire du ciel, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ à qui est la gloire et la puissance dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LXXX.


« OR, JÉSUS ÉTANT A BÉTHANIE DANS LA MAISON DE SIMON LE LÉPREUX, UNE FEMME VINT A LUI AVEC UN VASE D’ALBÂTRE PLEIN D’UN PARFUM DE GRAND PRIX, QU’ELLE RÉPANDIT SUR LA TÊTE DE JÉSUS, COMME IL ÉTAIT A TABLE ». (CHAP. 26,6, 7, JUSQU’AU VERSET 17)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ défend contre les murmures de ses apôtres, la femme qui avait répandu sur sa tête un vase de parfum.
  • 2. L’action que fit alors cette femme est maintenant connue et louée dans tout l’univers, pendant que les exploits de beaucoup de grands hommes sont maintenant tombés dans l’oubli.
  • 3 et 4. Trahison de Judas. – De l’ardeur que nous devons témoigner pour convertir ceux d’entre nos frères qui se perdent. – Que leur endurcissement ne nous doit point décourager. – De l’exemple de Judas. – Contre les avares. – Description de leur bassesse. – Du bonheur de la pauvreté. – Qu’il ne sert de rien à l’homme d’être riche au-dehors, s’il est pauvre dans son cœur. – Comparaison sur ce sujet.


1. Il semble, mes frères, que cette femme est la même dont parlent tous les Évangélistes. Pour moi, je crois que celle dont les trois premiers parlent est la même ; mais celle dont parle saint Jean me paraît différente, et, selon moi, n’est autre que l’admirable sœur de Lazare. Ce n’est pas sans sujet que l’Évangéliste parle de la lèpre de ce Simon. Il le fait pour montrer par là ce qui pouvait donner à cette femme la confiance d’approcher de Jésus-Christ. Comme la lèpre était une maladie contagieuse, dont cette femme voyait que ce Simon avait été miraculeusement guéri par le Sauveur, puisqu’autrement il ne serait pas entré chez lui, elle espérait fermement que Jésus-Christ pouvait de même la guérir des impuretés, et comme de la lèpre de son âme. Ce n’est pas non plus sans mystère que l’Évangile nomme la ville de « Béthanie ». Il vient nous marquer par cette circonstance, que Jésus-Christ s’offrait volontairement à la mort, et qu’après s’être jusque-là tant de fois dérobé à la violence des Juifs, il voulait maintenant comme se présenter à eux, et se jeter lui-même entre leurs mains, lorsqu’ils étaient le plus envenimés et le plus irrités contre lui. Il approche à deux milles de Jérusalem, et il fait voir qu’il ne s’en était éloigné auparavant que pour de grandes raisons.
Cette femme donc voyant Jésus-Christ chez Simon le lépreux, prit de là un sujet de confiance, et résolut d’entrer dans cette maison. Car si celle dont il est parlé ailleurs, et qui était malade d’une perte de sang, quoiqu’elle fût très