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de Juda ; car c’est de toi que sortira le chef qui conduira mon peuple d’Israël ». (Mic. 5,2 ; Mt. 2,6 ; Jn. 7,42) Nathanaël donc, entendant dire que. Jésus était de Nazareth, se trouble, il chancelle, parce qu’il voit que ce que dit Philippe ne s’accorde pas avec la prédiction du prophète. Mais dans son doute même, considérez quelle est sa prudence et sa retenue ; car il ne réplique pas sur-le-champ. Tu me trompes, Philippe, tu mens : non, je ne te crois point, je n’irai pas le voir : j’ai appris des prophètes qu’il doit sortir de Bethléem, et tu dis qu’il est de Nazareth : ce Jésus n’est donc pas celui que le prophète a prédit. Mais que fait-il ? Il va lui-même le trouver, et ne convenant point qu’il soit de Nazareth, il montre en cela même son zèle, et son amour pour l’Écriture, et qu’il n’est point capable de se laisser surprendre : il marque aussi qu’il désirait ardemment l’avènement du Christ, puisqu’il ne repoussa pas avec mépris celui qui lui annonçait cette nouvelle. C’est qu’il pensait que Philippe ; se trompait vraisemblablement sur le lieu de la naissance.
2. Considérez encore, mes frères, combien il est réservé et modéré, dans le refus qu’il fait d’ajouter foi à ce que dit Philippe, et dans sa manière de l’interroger. Il ne dit pas : la Galilée ne produit rien de bon ; mais : comment peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe était aussi extrêmement prudent, il ne s’offense, il ne se fâche point de ce que Nathanaël contredit ; mais néanmoins il persiste à vouloir l’amener à Jésus-Christ, et dès le commencement il fait paraître sa fermeté apostolique : c’est pourquoi Jésus-Christ, dit : « Voici un vrai Israélite, sans déguisement et sans artifice ». Un Israélite peut donc être menteur : mais celui-là ne ment pas ; car son jugement est sans prévention : il ne dit rien par faveur ni par haine. : Pourtant, lorsqu’on demanda aux Juifs où devait naître le Christ, ils répondirent : à Bethléem, et s’appuyèrent de ce témoignage : « Et toi, Bethléem, tu n’es pas la dernière d’entre les principales villes de Juda ». Mais c’est avant d’avoir vu Jésus qu’ils rendaient ce témoignage : après l’avoir vu ; ils dissimulaient, par jalousie, leurs anciens propos, et disaient : « Mais pour celui-ci, nous ne savons d’où il est ». (Jn. 9,29) Nathanaël n’en use pas ainsi, mais il reste ferme dans l’opinion qu’il avait de lui au commencement, à savoir, qu’il n’était pas de Nazareth.
Pourquoi donc les prophètes l’appellent-ils Nazaréen ? (Mt. 2,23) Parce qu’il avait été élevé à Nazareth, et qu’il y avait demeuré. Or, Jésus-Christ ne dit pas à Nathanaël : Je ne suis pas de Nazareth, comme Philippe vous l’a dit, mais de Bethléem. Il passe sur cela, il ne lui en parle point, pour ne pas rendre d’abord suspect ce qu’il lui voulait dire. De plus, quand même il l’aurait persuadé qu’il était de Bethléem, toutefois ce n’était point là suffisamment prouver qu’il était le Christ ne pouvait-il être né à Bethléem, sans être le Christ ? Bien d’autres y étaient nés. Il passe donc sur cela, et en déclarant qu’il avait été présent à leur entretien, il fait ce qui pouvait le mieux l’engager à croire. Lorsque Nathanaël eut dit : « D’où me connaissez-vous ? Jésus lui répondit : Avant que Philippe vous eût appelé, je vous ai vu lorsque vous étiez sous le figuier (48) ». Considérez ce caractère ferme et rassis. Jésus-Christ ayant dit de lui : « Voici un vrai Israélite », il n’est pas enflé par ces louanges, ravi de ces éloges ; il persiste à chercher et à examiner avec plus de soin : il veut voir clair. Nathanaël donc, comme homme, cherche et s’informe encore ; mais Jésus comme Dieu répond : Je vous ai déjà vu auparavant car longtemps auparavant Jésus avait connu sa droiture et sa probité, non comme un homme qui l’aurait suivi, mais comme Dieu : Et maintenant je vous ai vu sous le figuier, lorsque nul n’y était avec vous, lorsque vous, Philippe, et vous, Nathanaël, vous étiez tous seuls, et que vous y partiez de moi en tête-à-tête. C’est pourquoi l’évangéliste dit : « Jésus le voyant de loin, dit : Voici un vrai Israélite », pour, faire voir qu’avant même que Philippe arrivât, Jésus-Christ avait rendu ce témoignage, afin qu’il ne fût pas suspect. C’est aussi pour cela qu’il désigne et le temps, et le lieu, et l’arbre. S’il eût seulement dit Je vous avais vu avant que Philippe vînt près de vous, la chose aurait été suspecte ; on aurait cri qu’il avait lui-même envoyé Philippe, et qu’il n’y avait rien de grand, rien d’extraordinaire dans ce qu’il disait : mais en désignant le lieu où Nathanaël parlait avec Philippe, le nom de l’arbre et le temps de l’entretien, il rend indubitable sa connaissance des choses les plus secrètes.
Mais ce n’est pas là seulement en quoi il lui manifeste qu’il est le Christ ; il le fait encore d’une autre manière, c’est en lui rappelant ce