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n’avait donc pas besoin du baptême de Jean Et ce bain n’a été institué que pour acheminer tous les autres hommes à la foi en Jésus-Christ. Car Jean-Baptiste n’a point dit : je suis venu baptiser pour rendre purs ceux que j’aurai baptisés, ni pour les délivrer de leurs péchés ; mais, « afin qu’il soit connu dans Israël ».
Mais quoi ! est-ce que sans le baptême de Jean on ne pouvait ni prêcher, ni attirer le peuple ? Je réponds que cela n’eût pas été si facile. Si le baptême n’eût pas accompagné la prédication, tous n’auraient pas accouru de même, et ils n’auraient point connu la prééminence d’un baptême sur l’autre, sans en faire la comparaison. Si le peuple sortait des villes, ce n’était point pour aller entendre la prédication de Jean-Baptiste. Pourquoi donc ? Afin que, confessant leurs péchés, ils fussent baptisés. Mais, une fois arrivés, ils apprenaient à connaître Jésus-Christ, et aussi la différence des baptêmes : le baptême de Jean était plus excellent que celui des Juifs, et voilà pourquoi tous y accouraient, mais cependant ce baptême était lui-même imparfait.
Comment donc l’avez-vous connu ? c’est, dit-il, par la descente du Saint-Esprit. Mais de peur que quelqu’un ne fût par là induit à croire qu’il avait eu besoin du Saint-Esprit, comme nous-mêmes nous en avons besoin, écoutez comment il ôte encore ce soupçon, faisant voir que le Saint-Esprit était seulement descendu pour lui révéler qu’il devait prêcher Jésus-Christ. Car ayant dit : « Pour moi, je ne le connaissais pas », il a ajouté : « mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’a dit : Celui sur qui vous verrez descendre et demeurer le Saint-Esprit, est celui qui baptise dans le Saint-Esprit (33) ». Ces paroles ne vous font-elles pas voir, mes frères, que le Saint-Esprit est uniquement descendu pour faire connaître Jésus-Christ ? Le témoignage de Jean-Baptiste était sans doute par lui-même exempt de tout soupçon ; mais le saint précurseur, pour donner encore plus de poids et de créance à son témoignage, le rapporte à Dieu et au Saint-Esprit. Comme la vérité qu’il avait annoncée, que Jésus-Christ seul ôtait tous les péchés du monde, et qu’il était si grand et si puissant qu’il suffisait seul pour opérer une si grande rédemption, était si excellente et si admirable, qu’elle pouvait jeter tous les auditeurs dans l’étonnement, il la fortifie et la confirme ; il la confirme en faisant voir que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, qu’il n’avait nullement besoin du baptême, et que le Saint-Esprit n’est descendu que pour le faire connaître. Car il n’était pas au pouvoir de Jean de donner le Saint-Esprit, ce que déclarent ceux qui avaient reçu de lui le baptême ; puisqu’ils disent : « Nous n’avons pas seulement ouï dire qu’il y ait un Saint-Esprit ». (Act. 19,2) Jésus-Christ n’avait donc besoin, ni du baptême de Jean ni d’aucun autre ; mais plutôt le baptême avait besoin de la puissance de Jésus-Christ car ce qui lui manquait encore était le bien suprême, je veux parler du don de l’Esprit fait au baptisé. C’est Jésus-Christ qui, par son avènement, a apporté au monde le don du Saint-Esprit.
« Et Jean rendit alors ce témoignage, en disant : J’ai vu le Saint-Esprit descendre du ciel comme une colombe, et demeurer sur lui. Pour moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui vous verrez descendre et demeurer le Saint-Esprit, est celui qui baptise dans le Saint-Esprit ; je l’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu n (32, 33, 34) ». Jean répète souvent : « Je ne le connaissais pas », et ce n’est pas sans raison ; c’est parce qu’il lui était parent selon la chair. « Sachez », dit l’Écriture, « qu’Élisabeth, votre cousine, a conçu aussi elle-même un fils ». (Lc. 1,36) De peur donc qu’il ne parût rendre ainsi de lui des témoignages si avantageux à cause de sa parenté, il dit souvent : « Je na le connaissais pas ». Et véritablement il ne le connaissait pas, puisqu’éloigné de la maison de son père, il passait sa vie dans le désert.
Mais pourquoi, s’il ne le connaissait pas avant la descente du Saint-Esprit, et si ce n’est qu’alors qu’il l’a connu pour la première fois, « se défendait-il » avant le baptême, en disant : « C’est moi qui dois être baptisé par vous ? » (Mt. 3,14) C’était là effectivement un signe qu’il lui était parfaitement connu. Mais ce n’était que depuis peu, et même il n’en aurait pu être autrement car ces miracles qui s’étaient faits dans l’enfance de Jésus, comme à l’égard des Mages, et d’autres semblables, étaient arrivés longtemps auparavant. Jean lui-même étant encore enfant : et pendant tout le temps qui avait suivi, Jésus était demeuré inconnu à tout le monde. En effet, s’il eût été connu, Jean n’aurait pas dit :