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et ne pensent jamais qu’à lui. C’est aussi pour cette raison qu’il dit lui-même. – « Nul ne connaît le Père que le Fils ». (Mt. 11,27) Quoi donc ! sommes-nous tous dans l’ignorance ? À Dieu ne plaise ! Mais nul ne le connaît de même que le Fils. Comme donc plusieurs l’ont vu, autant que l’esprit de l’homme peut atteindre à cette vision, et que personne n’a vu sa substance, maintenant de même nous connaissons tous Dieu, mais nul ne connaît sa nature ni sa substance, sinon Celui qui est né de lui. Car, par le mot de connaissance, saint Jean entend ici une vision et une intelligence certaine, « pleine et entière », et telle due le Père l’a du Fils. « Comme mon Père me connaît », dit Jésus-Christ, « je connais a mon Père ». (Jn. x, 15) C’est pourquoi voyez et considérez, mes frères, avec quelle fermeté et quelle confiance l’évangéliste s’énonce ; ayant dit : « Nul n’a « jamais vu Dieu », il n’a point ajouté : le Fils qui l’a vu en a donné la connaissance ; mais il a dit quelque chose de plus que voir, par ces paroles : « Celui qui est dans le sein du Père ». En effet, être dans le sein du Père, c’est bien plus que voir. Celui qui seulement voit n’a pas une connaissance tout à fait pleine et parfaite de l’objet qu’il voit : mais celui qui habite dans le sein n’ignore rien. Lors donc que vous entendez ces paroles : « Nul ne connaît le Père que le Fils », ne dites point : Si le Fils connaît le Père plus que les autres, toutefois il ne le connaît pas dans sa plénitude ; car c’est pour prévenir cette objection que l’évangéliste nous fait remarquer que le Fils demeure dans le sein du Père, et que Jésus-Christ dit qu’il connaît autant le Père que le l’ère connaît le Fils. Demandez donc aux contradicteurs : Le Père connaît-il le Fils ? S’il n’est fou, il répondra : oui. Allons plus avant, faisons-lui ensuite cette demande : Le Fils voit-il et connaît-il le Père par une vision exacte et une connaissance parfaite, et connaît-il pleinement ce qu’il est ? II Nous l’avouera encore. Concluez (le là que la connaissance que le Fils a du Père est exacte, pleure et entière. Car il a dit lui-même : « Comme mon Père me connaît ; je cannais « mon l’ère ». Et ailleurs : « Personne n’a vu « Dieu, sinon Celui qui est de Dieu ». Voilà pourquoi, comme je l’ai dit, l’évangéliste fait mention du sein, nous faisant connaître à la fois, par cette seule parole, qu’il y a entre le Père et le Fils liaison étroite, unité de substance, parfaite égalité de connaissance et de puissance. Le Père n’aurait pas dans son sein quelqu’un qui serait d’une autre substance et le Fils n’oserait pas demeurer dans le sein du Père, s’il n’était qu’un serviteur et le premier venu. C’est là ce qui n’appartient qu’au Fils, qui vit familièrement avec le Père, et n’a rien de moins que lui.
Voulez-vous connaître son éternité ? écoutez ce que dit Moïse du Père : Si les Égyptiens veulent savoir, demandait-il, qui est Celui qui m’a envoyé, que leur répondrai-je ? Il eut ordre de répondre : CELUI QUI EST « m’a envoyé ». Ce mot : CELUI QUI EST, signifie que Dieu est toujours, qu’il est sans commencement, qu’il est véritablement et proprement. Il signifie encore ceci : « Il était au commencement », et montre qu’il est toujours, « qu’il « est éternel ». Ici saint Jean s’est donc servi d’une expression qui fait connaître que le Fils est sans commencement et de toute éternité dans le sein de son Père, Mais afin que la conformité de nom ne nous induise pas à croire que le Fils est du nombre de ceux qui sont fils par grâce, il met l’article qui le distingue de ceux-ci.
Que si cela ne vous suffit pas, et si vous êtes encore courbés vers la terre, écoutez ce nom qui lui est plus propre encore : c’est le nom d’UNIQUE. Si pourtant vos yeux restent encore attachés à la terre, je ne ferai pas difficulté d’employer une parole humaine en parlant de Dieu ; c’est-à-dire de me servir du mot de « sein », pourvu seulement que vous n’y attachiez pas une signification basse. Voyez-vous quelle est la providence et la bonté du Seigneur ? Dieu s’attribue des noms indignes de lui, afin qu’au moins de cette manière vous le connaissiez, et que vous ayez de lui de grands et de hauts sentiments. Et vous, vous rampez à terre ! Dites-moi, pourquoi est-il ici parlé de sein, nom charnel et grossier ? Est-ce afin que nous pensions que Dieu est un être corporel ? Dieu nous en garde ! direz-vous. Pourquoi donc ? Si par cette parole on-, ne prouve pas que le Fils est véritablement fils, et l’on n’établit pas que Dieu est un être incorporel, vainement se sert-on de ce nom « de sein » qui n’est d’aucun usage ; pourquoi donc s’en sert-on ? car je ne cesserai point de faire cette question. N’est-il pas évident qu’il est mis là pour que nous n’y attachions pas d’autre idée, sinon