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Que ce fut là un pur don de sa miséricorde et de sa grâce, David nous l’apprend ; écoutez ce qu’il dit : « Le Seigneur fait ressentir les effets de sa miséricorde, et il fait justice à tous ceux qui souffrent l’injustice et la violence ; il a fait connaître ses voies à Moïse et « ses volontés aux enfants d’Israël ». (Ps. 102,6-7) Et derechef : « Le Seigneur est plein de douceur et de droiture, c’est pour cela qu’il donnera à ceux qui pèchent la loi qu’ils doivent suivre dans leur conduite ». (Ps. 24,9)
3. La loi que le Seigneur nous a donnée est donc l’ouvrage de sa miséricorde, de sa compassion, de sa grâce. C’est pourquoi saint Jean ayant dit : « Grâce pour grâce », insiste avec plus de force sur la grandeur de ses dons, et il ajoute : « La loi a été donnée par Moïse ; mais la grâce et la vérité a été apportée par Jésus-Christ ». Considérez avec quelle douceur et quel ménagement Jean-Baptiste et le disciple élèvent peu à peu, et par une seule parole, leurs auditeurs à la plus haute connaissance ; après les y avoir préparés par ce qu’il y a de plus simple et de plus bas. Jean-Baptiste commence par comparer avec lui-même celui qui, sans comparaison, surpasse tous les autres ; mais ensuite il fait connaître son excellence, en disant : « Celui-ci est avant moi », et ajoutant après : « Il est plus ancien que moi ». Le disciple a fait quelque chose de plus ; mais il est pourtant demeuré au-dessous de ce que demandait la dignité de Fils unique. Car il ne le compare pas à Jean-Baptiste, mais à celui que les Juifs admiraient plus Jean-Baptiste, c’est-à-dire à Moïse. « La loi », dit-il, « a été donnée par Moïse : mais la grâce et la vérité a été apportée par Jésus-Christ ». Voyez, mes frères, voyez sa prudence, il ne fait ni comparaison, ni examen des personnes, mais des choses. Comme les choses que Jésus-Christ avait opérées se montraient visiblement beaucoup plus grandes, nécessairement aussi les plus aveugles devaient-ils consentir au témoignage qui lui était rendu : alors, en effet, que les œuvres mêmes, qu’on ne peut soupçonner ni de flatterie, ni d’envie, ou de haine, parlent et rendent témoignage ; quelque prévenus que soient ceux qui les voient, ils ne peuvent les nier, tant ce témoignage est sûr et certain : car elles demeurent à tous les yeux telles qu’elles ont été faites : c’est pourquoi elles sont au-dessus de tout soupçon et de toute réplique.
Mais observez, mes frères, combien l’évangéliste a soin de ménager les esprits de ses auditeurs, de manière à ne pas choquer même les plus faibles. Il n’entasse point les paroles pour faire ressortir la supériorité que l’un a sur l’autre ; mais en opposant la grâce et la vérité à la loi, et ce mot : « A été apportée », à celui-ci : « A été donnée », il montre la différence des choses par leur simple dénomination. Cette différence est grande, car ces mots : « A été donnée », marquent un ministre qui donne ce qu’il a reçu à ceux à qui il lui a été ordonné de le transmettre : mais ceux-ci : « La grâce et la vérité a été apportée », désignent un roi qui remet les péchés par sa puissance et par son autorité, et qui dispose lui-même de ses dons. Voilà pourquoi il disait « Vos péchés vous seront remis ». Et encore : « Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, il dit au paralytique : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et allez-vous-en en votre maison ». (Mc. 2,9-11)
Ne voyez-vous pas de quelle manière la grâce est apportée par Jésus-Christ ? voyez aussi comment il a apporté la vérité. Ses paroles, ce qu’il a fait à l’égard du larron, le don du – baptême, la grâce du Saint-Esprit qui nous est donnée par lui, et plusieurs autres choses, montrent visiblement la grâce.
Maintenant, si nous étudions le sens des figures, nous découvrirons plus manifestement la vérité que Jésus-Christ a apportée. Car ce qui devait avoir son accomplissement dans le Nouveau Testament, des figures l’avaient marqué à l’avance autant qu’il appartient à des figures, et Jésus-Christ venant au monde les a accomplies. Examinons donc ces figures dans un petit nombre d’exemples : car le temps ne nous permet pas d’épuiser ce sujet. Le petit nombre de celles que je vais expliquer vous donnera l’intelligence des autres. Voulez-vous que nous commencions par celles qui regardent la Passion de Notre-Seigneur ? Que dit la figure ? « Prenez un agneau pour chaque maison, immolez-le et faites comme le Seigneur vous l’a prescrit, et vous le commande ». (Ex. 12,3) Jésus-Christ ne parle pas de même, il ne commande pas de faire cela, mais il s’offre et s’immole lui-même à son Père comme une hostie.