grande vertu, fut appelé du nom de Dieu : ses descendants et ceux de son frère s’unirent par des mariages. Le Prophète appelle enfants de Dieu les enfants de l’homme vertueux. « Ils commencèrent », dit-il, « à être appelés du nom de bien. » (Gen. 4,26) Il désigne aussi le peuple juif, qu’il honore de cette appellation, dans la phrase suivante : « Je l’ai dit : vous êtes des dieux, et vous êtes les fils du Très-Haut. » (Ps. 81,6) Il appelait ainsi ce peuple par suite de l’affection particulière qu’il avait pour lui. C’est ainsi que s’expliquent encore ces mots : « Celui qui maudira le nom de Dieu sera en état de péché », ce qui revient à dire : celui qui médira du prince, commettra un péché. « Celui qui se servira du nom du Seigneur sera lapidé », c’est-à-dire celui qui donnera le nom du vrai Dieu aux dieux qui n’existent pas. La preuve, c’est que ce péché est considéré comme indigne de tout pardon, et qu’on inflige la peine la plus terrible à celui qui s’en rend coupable. On appelle encore dieux, les dieux des gentils, mais ce n’est ni pour les honorer, ni par déférence, c’est pour signaler l’erreur de ceux qui les appelaient ainsi. Voilà pourquoi saint Paul a dit : « Car encore qu’il y en ait qui soient appelés dieux (1Cor. 8,5) », pour montrer qu’il n’admet ni leur existence, ni l’honneur qu’on leur fait en leur donnant ce nom. De qui donc le Psalmiste, dont nous expliquons en ce moment les paroles, parle-t-il, quand il dit : « Le Dieu des dieux ? » Il me semble qu’il désigne les dieux des païens, non parce qu’ils existent, mais parce que les peuples voués à l’erreur se sont imaginé qu’ils existaient. Comme les Juifs étaient encore trop grossiers, qu’ils n’avaient pas coin piétement rompu avec leurs habitudes d’idolâtrie, que les idoles leur en imposaient toujours, et qu’il y avait chez eux beaucoup de restes de l’ancienne iniquité, il en profite pour purger leur esprit de ces erreurs, en leur montrant que Dieu est le maître même de ces faux dieux. Dieu est aussi le maître des démons, mais il n’est leur maître qu’en ce qui concerne leur substance même, car leurs pensées et leur perversité tout entière leur appartiennent en propre. Il me semble que ces paroles du prophète sont une suite du psaume précédent. Car celui-ci également a été écrit pour confondre et pour accuser les pécheurs : dans l’autre, le Prophète invite la terre entière à venir l’entendre, dans celui-ci il adresse son appel aux éléments mêmes répandus sur toute la terre. Voici un autre théâtre, et un autre auditoire : là nous avons vu comparaître les nations, les enfants de la terre, le pauvre et, le riche : ici c’est la terre et le ciel, c’est Dieu lui-même qui se présente à nous pour être jugé, Dieu qui prononce sa défense devant le peuple des Juifs. Aussi notre attention doit-elle redoubler. Un autre prophète a fait de même, il nous montre Dieu se soumettant à un jugement, et il place au rang des juges les abîmes et les fondements de la terre. « Écoutez », dit-il, « abîmes et fondement, de la terre, car Dieu va débattre son procès contre son peuple et avec son peuple. » (Mic. 6,2) On lit ailleurs : « Il plaidera contre vous et contre vos pères. » (Jer. 2,9) On peut voir cette figure répétée en beaucoup d’endroits de l’Écriture, elle est vraiment imposante et digne de l’affection de Dieu pour les hommes. Elle nous montre son inexprimable bonté, en nous le faisant voir qui s’abaisse jusqu’à venir se soumettre au jugement des hommes. – « C’est de Sion qu’il fera briller la splendeur de sa gloire (2). » Expression qui se ressent de l’enthousiasme prophétique, mais qui est d’accord aussi avec la vérité de l’histoire. C’est là en effet que même du temps de l’ancienne loi, brilla la gloire de Dieu. Car c’est là que s’élevait le temple et le saint des saints, que s’observaient les cérémonies religieuses et les lois politiques établies par l’Ancien Testament, que se réunissait la foule des prêtres, que se faisaient les sacrifices et les holocaustes, que se chantaient les hymnes sacrés et les psaumes ; tout était là, et c’est encore là que furent écrites les prophéties qui annonçaient les événements de l’avenir. Et quand parut enfin la vérité, c’est là qu’elle prit naissance. C’est de là que la croix resplendit sur le monde, c’est là que s’accomplirent les innombrables triomphes de la religion nouvelle. Ce qui faisait dire à Isaïe, lorsqu’il parla dans ses prophéties de la loi du Nouveau Testament : « C’est de Sion que viendra la loi, et le Verbe du Seigneur viendra « de Jérusalem, et il rendra ses jugements au « milieu des nations. » (Is. 2,3-4) par Sion il désigne ici tout le territoire avoisinant, ainsi que la ville qui s’étendait à ses pieds, Jérusalem, la capitale des Juifs. C’est de là que, comme de la barrière d’un hippodrome, les apôtres, ces coursiers aux jambes agiles,
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